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Les adolescents sur Instagram ne seraient pas si malheureux qu’on le prétend, d’après une étude

Après analyse de plus de 200.000 messages privés sur Instagram, une étude menée au Pays-Bas pointe que les échanges des adolescents expriment quatre fois sur cinq de la joie et de la positivité.

L’aspect néfaste des réseaux sociaux chez les jeunes ne serait-il que du vent? Une étude néerlandaise montre que les adolescents sur Instagram semblent beaucoup plus heureux qu’il n’y paraît. Pour en venir à cette conclusion, l’école de recherche en communication de l’université d’Amsterdam a analysé plus de 210.000 messages privés envoyés par une centaine de collégiens de quatrième et troisième, explique le site Fast Company.

L’objectif était de savoir si les échanges exprimaient un sentiment positif ou négatif. En parallèle, les enfants ont dû remplir des questionnaires pendant un mois et demi. Deux fois par semaine, ils devaient indiquer s’ils s’étaient sentis heureux au cours des sept derniers jours.

L'utilisation plutôt que le temps d'exposition

L’étude a ainsi montré que quatre fois sur cinq, ce sont des messages exprimant le bonheur qui étaient partagés par les adolescents de 13 à 15 ans. Aussi, ces recherches pointent qu’il n’y a pas de relation entre les émotions ressorties des message privés et les émotions déclarées. Une surprise au regard des recherches internes de Meta, le propriétaire d’Instagram. Même la justice britannique avait mis en cause Instagram suite au suicide d'un fillette.

"Je pense que les adolescents gèrent mieux leur utilisation des réseaux sociaux que ce à quoi nous nous attendons peut-être", s’étonne Tim Verbeij, l’un des coauteurs de l’étude.

Selon lui, ces résultats sont remarquables car ils prennent en compte l’utilisation réelle que les jeunes font des plateformes. A la différence des autres recherches sur le sujet, Tim Verbeij insiste sur les contenus rencontrés sur les réseaux sociaux plutôt que sur le temps passé dessus pour déduire un lien sur le bien-être et le bonheur d’une personne.

Un outil très utile pour exprimer joie et tristesse

"Bien sûr, ils peuvent passer beaucoup de temps sur les réseaux et cela peut les interrompre dans leurs devoirs. Mais cela les aide aussi réellement à communiquer avec leur pairs", assure le chercheur.

L’étude de l’université d’Amsterdam a débuté en novembre 2019. Elle a donc couvert les répercussions de la pandémie mondiale de Covid-19. Face aux confinements mis en place par les différents gouvernements, c’est par les réseaux sociaux que les contacts avec les amis se sont faits. Tim Verbeij juge ainsi Instagram très utile afin que les plus jeunes puissent "exprimer leur bonheur ou leur tristesse avec leurs amis".

Aussi, ces recherches font sensation dans le corps scientifique car elles plongent dans la partie non publique des réseaux sociaux. "Il s’agit d’un travail important en grande partie parce qu’il se concentre sur les messages privés via le don de données des archives personnelles des adolescents, ce qui permet d’ouvrir une fenêtre significative sur les espaces non publics des réseaux des jeunes", estime Tama Leaver, une professeure australienne spécialiste d’internet.

Pierre Monnier