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Instagram diffuse des vidéos d'enfants sexualisés à ceux qui suivent de très jeunes influenceurs

Selon des tests effectués par le Wall Street Journal, Instagram recommande des "séquences osées d'enfants" et des contenus ouvertement sexuels à certains comptes ne suivant que des influenceurs enfants ou adolescents.

Après Twitter, Instagram serait-il sur le point de vivre une fuite des annonceurs? Plusieurs entreprises ont décidé de retirer leurs publicités de la plateforme du groupe Meta. En cause: la présence de contenus sexuels, mettant notamment en scène des enfants.

Selon le Wall Street Journal, des comptes se voient proposer des vidéos de "séquences osées d'enfants et de vidéos d'adultes ouvertement sexuelles", rapporte Engadget. D'après les tests menés par le journal économique, ces recommandations seraient faites uniquement à des comptes ne suivant que des comptes d'enfants et d'adolescents (des gymnastes ou des pom-pom girls).

Pas une expérience représentative pour Meta

L'expérimentation a été envisagée en se rendant compte que bon nombre des abonnés de comptes de jeunes personnes étaient des hommes adultes "ayant démontré un intérêt pour les contenus sexualisés, aussi bien autour d'enfants que d'adultes".

Lors de son expérience, le Wall Street Journal a pu observer des vidéos montrant un homme allongé dans un lit avec un bras autour d'une fille de dix ans, une créatrice pour adultes décroisant ses jambes pour laisser voir ses sous-vêtements, un enfant en tenue de bain posant devant un miroir, ou une autre créatrice de contenus pour adultes faisant des mouvements de va-et-vient.

De son côté, le groupe Meta assure que les tests réalisés par le journal ne reflètent pas l'expérience que des milliards d'utilisateurs ont sur l'application. L'entreprise n'a pour autant pas expliqué comment des contenus montrant des enfants, du contenu sexualisé, le tout au milieu de publicités, peuvent se retrouver entremêlés.

Surtout, ces résultats vont dans le même sens que les expérimentations menées par le Centre canadien de la protection des enfants. Surtout, la mise en avant de contenu sexualisant des enfants serait un problème connu au sein d'Instagram, affirme le Wall Street Journal.

Un précédent avec le cas de Twitter

Ces révélations pourraient faire perdre beaucoup d'argent au réseau social. Notamment parce qu'entre ces contenus tendancieux, figurent des publicités. Une position qui provoque la fureur des annonceurs. Certains ont déjà annoncé avoir supprimé leurs contenus publicitaires d'Instagram.

Parmi les entreprises concernées: l'application de rencontre Bumble ainsi que le groupe Match, lui aussi spécialisé dans les rencontres, se sont déjà retirés. Disney figure également parmi les annonceurs ayant renoncé à communiquer sur Instagram.

Un mouvement qui n'est pas sans rappeler ce que vit Twitter (rebaptisé X) depuis plusieurs semaines, suite à une étude ayant montré la présence de contenus pro-nazis sur la plateforme. Ces publications accolées à certaines publicités avaient poussé Disney, Apple ou encore Ubisoft à ne plus communiquer sur la plateforme d'Elon Musk.

Instagram assure travailler sur le sujet. La plateforme a d'ores et déjà prévenu ses clients qu'elle était prête à payer de sa poche pour mettre en place un système d'audit afin de vérifier la fréquence à laquelle des publicités se retrouvent accolées à des contenus jugés inacceptables.

Le réseau social est également accusé d'avoir "convoité et attiré" des utilisateurs de moins de 13 ans. Ces révélations - issues d'une plainte déposées par plusieurs états américains - mettent à mal la politique officielle d'Instagram, qui n'acceptent pas les utilisateurs de moins de 13 ans.

Pierre Monnier