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Etats-Unis: Google accusé de diriger des femmes à faible revenu vers des centres anti-IVG

Les chercheurs ont fait des tests dans trois villes: Atlanta, Miami et Phoenix.

Les chercheurs ont fait des tests dans trois villes: Atlanta, Miami et Phoenix. - Kirill KUDRYAVTSEV / AFP

Une étude laisse penser que les femmes ayant de faibles revenus et cherchant à avorter sont plus susceptibles de trouver des cliniques opposées à l'avortement lors d'une recherche sur Google.

Alors que Google avait annoncé prendre des mesures lors du débat sur l'avortement aux Etats-Unis, le moteur de recherche se fait de nouveau épingler. Selon une étude publiée le 6 février et menée par des chercheurs du Tech Transparency Project, les femmes ayant de faibles revenus et cherchant à avorter sont plus susceptibles d'être ciblées par des annonces et des résultats de Google faisant la promotion de centres anti-avortement.

Ces centres anti-avortement sont non seulement mis en avant, mais usent également de la publicité mensongère. Sur Google, ces centres, dits "de crise", se font passer pour des cliniques qui pratiquent l'avortement, pour en fait mieux de détourner les femmes de la pratique. Ces centres sont référencés et promus par Google particulièrement à des femmes qui perçoivent de faibles revenus dans des Etats où l'avortement est strictement limité, comme l'Arizona.

Les chercheurs ont réalisé des tests dans trois villes: Atlanta, Miami et Phoenix avec de faux profils censés représenter des femmes ayant des revenus élevés, intermédiaires, ou faibles. En Arizona et en Floride, l'avortement est interdit après 15 semaines de grossesse. En Géorgie, il est interdit après six semaines. Les chercheurs ont ensuite effectué les recherches suivantes sur Google: "clinique d'avortement près de chez moi" et "je veux avorter".

A Phoenix, 56% des liens publicitaires qui apparaissent dans une recherche faite par une femme à faible revenus concernent ces faux centres, contre 7% pour une recherche d'une femme qui a un revenu élevé. Cependant à Miami, les chercheurs n'observent pas une différence de résultats très flagrante. Ils supposent que les centres anti-avortement pourraient davantage cibler les femmes percevant de faibles revenus dans les États plus restrictifs.

Google se défend

"Les femmes à faible revenus, ce sont elles qui vont le plus souffrir de ces politiques", déclare au quotidien The Guardian Katie Paul, directrice du Tech Transparency Project. Et de poursuivre: "Google influence beaucoup les utilisateurs car ils considèrent que le moteur de recherche fait preuve d'autorité. Ils pensent surtout que les résultats qu'ils obtiennent sont les résultats que tout le monde va obtenir. Mais ce n'est pas le cas", affirme Katie Paul.

De son côté, Google a réagi auprès du Guardian: "Nous n'autorisons pas les annonceurs de cibler spécifiquement une tranche précise de la population et nous avons des règles strictes sur la façon dont la localisation peut être utilisée pour diffuser des annonces pertinentes localement (...) C'est pourquoi nous exigeons que toute organisation qui souhaite cibler des requêtes liées à l'avortement soit certifiée et indique clairement si elle propose ou non des avortements".

Ce n'est pas la première fois que Google est mis en cause sur le sujet. L'année dernière, le géant numérique a déjà fait l'objet d'une enquête du Tech Transparency Project qui a révélé que le moteur de recherche diffusait des publicités pour des faux centres d'avortement. Ce qui constitue une violation des règles de la plateforme en matière de publicité mensongère.

Margaux Vulliet