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L'éditeur de "Tchia", Kepler Interactive, se rêve en multinationale indépendante du jeu vidéo

L'éditeur Kepler Interactive se démarque dans le paysage vidéoludique. Regroupant sept studios indépendants, l'entreperise derrière le jeu Tchia fait tout pour garantir sa liberté créative.

Une coalition de sept studios indépendants pour créer un modèle de gestion "participatif" et "unique" dans l'industrie du jeu vidéo: c'est l'ambition de l'éditeur Kepler Interactive pour garantir liberté créative et productions de "créations originales", comme le jeu "Tchia", inspiré de la Nouvelle-Calédonie.

Un modèle nouveau

A44 en Nouvelle-Zélande, Alpha Channel, Awaceb et Timberline en Amérique du Nord, Ebb Software et Sloclap en Europe ou encore Shapefarm en Asie... Avec sa constellation de studios partenaires et 300 collaborateurs au total répartis sur trois continents, Kepler Interactive est déjà une multinationale du jeu vidéo.

"L'idée derrière le groupe, c'est d'être la première entreprise de divertissement qui est co-détenue et co-dirigée par les créateurs. Ce modèle dans le jeu vidéo est nouveau et ça permet de laisser les gens qui savent faire être au coeur des décisions", explique à l'AFP Alexis Garavaryan, directeur général de Kepler Interactive.

Concrètement, Kepler Interactive possède une part majoritaire dans chacun des sept studios fondateurs, notamment via un échange de participations. Ainsi, chaque studio, également actionnaire de l'éditeur à la hauteur de sa valorisation, participe à la prise de décision stratégique, tout en voyant son indépendance créative préservée.

"Chaque semaine, les fondateurs de Kepler et des studios qui en font partie se regroupent et on discute de la stratégie, des studios qui veulent potentiellement nous rejoindre, et des autres décisions majeures", complète le dirigeant français, passé notamment par Ubisoft.

Sifu, l'un des premiers jeux Kepler

"S'il n'y a ne serait-ce qu'un fondateur d'un studio qui dit: 'ça, je ne le sens pas, je ne pense pas que cela soit une bonne idée', en argumentant évidemment sa décision, on va écouter sérieusement, en discuter, et généralement ça ne va pas se faire", renchérit Pierre de Margerie, président de Sloclap, l'un des studios de la galaxie Kepler.

Et ça marche? Fort d'une levée de fonds de 120 millions de dollars en 2021, mené par le géant chinois des services internet et des jeux NetEase, Kepler, dont le siège est basé à Londres, a annoncé un chiffre d'affaires de 50 millions de dollars en 2022, pour sa première année d'activité complète depuis son lancement.

Sifu, l'un des premiers jeux estampillés Kepler, a déjà dépassé les 2 millions d'exemplaires vendus dans le monde avant son arrivée sur Steam et Xbox.

Dernière sortie en date, depuis fin mars: Tchia, une aventure en monde ouvert disponible sur PC, PlayStation 4 et 5, dans un univers inspiré de la Nouvelle-Calédonie, où les personnages parlent en français et en drehu, une des langues vernaculaires kanak.

Des entraides sur le plan technique

"Ce jeu, c'est le reflet de l'enfance qu'on a passée en Nouvelle-Calédonie. On voulait montrer la Nouvelle-Calédonie à travers les yeux d'un enfant, le prisme de l'innocence et la joie que c'est de grandir dans une île tropicale", explique à l'AFP Phil Crifo, co-fondateur du studio Awaceb, producteur de Tchia.

Loin d'être dotés d'un budget "AAA", contrairement aux "blockbusters" produits par les géants de l'industrie comme Call of Duty (Activision-Blizzard) ou Grand Theft Auto (Take-Two), Tchia et son studio Awaceb ont toutefois pu bénéficier de l'aide et de la collaboration de ses partenaires pour développer ce jeu de "niche" à "vocation universelle".

Être au sein de Kepler, "cela permet l'entraide d'un point de vue technique" quand des compétences ne sont pas pourvues en interne, souligne Phil Crifo. Sloclap a par exemple envoyé à Awaceb un ingénieur spécialisé dans le rendu visuel "pendant plusieurs mois" pour travailler sur Tchia.

Autre "avantage" d'avoir rejoint Kepler, selon Phil Crifo: ne plus avoir la "pression de devoir convaincre des gens pour avoir du financement par projet". "Ne plus avoir cette épée de Damoclès, c'est vraiment confortable", savoure le co-fondateur d'Awaceb.

P.M. avec AFP