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Fortnite, Facebook, The Sandbox: à quoi ressemble vraiment le métavers en 2022

Capture d'écran d'une "rave party" organisée dans le "métavers" ce 20 janvier 2022

Capture d'écran d'une "rave party" organisée dans le "métavers" ce 20 janvier 2022 - Twitter (Alex Moss)

Le métavers a le vent en poupe. Ce concept, qui est loin d'être nouveau, est vu par certaines entreprises comme une technologie d'avenir. Il s'agit surtout d'une manne financière, encore peu démocratisée.

Depuis le changement bruyant de nom de Facebook en Meta, le métavers est sur toutes les lèvres. Opportunité sans précédent pour certains, chimère à la mode pour d'autres, cet espace mi-virtuel mi-réel divise, mais engage surtout des sommes d'argent colossales. Pourtant, il est bien difficile de proposer une définition précise de cette promesse de monde virtuel, qui trouve certains exemples sur des plateformes déjà bien connues.

L'un des métavers dont on parle le plus est inévitablement celui de Meta (Facebook). Si l'entreprise peut se targuer d'avoir fait du concept le nouveau mot à la mode, sa création est encore loin d'être la plus aboutie.

Le méta de Meta

Le métavers de Facebook, qui porte le nom d'Horizon, s'est illustré dans un premier temps avec Workrooms, un système de travail collaboratif à distance, où l'on interagit avec ses collègues en réalité virtuelle, avec un casque dédié. Vitrine des nouvelles habitudes pandémiques, Workrooms a été présenté en août dernier par Mark Zuckerberg, directement au sein de la plateforme.

Capture d'écran du projet Horizon Home, le projet de métavers de Facebook
Capture d'écran du projet Horizon Home, le projet de métavers de Facebook © Facebook

Horizon Worlds, le projet global, a été officiellement lancé le 13 décembre dernier, après plus d'un an passé dans sa version bêta. Pour y entrer, il est indispensable de posséder un casque de réalité virtuelle de la marque Oculus - filiale du groupe Meta.

Il s'agit ni plus ni moins que d'une sorte de cour de récréation géante, où l'on déambule avec des avatars (sans jambes). Il est possible d'y interagir avec n'importe qui.

Mais les images presque enfantines du projet ne font pas oublier les sujets qui fâchent, à commencer par la modération en ligne, l'un des points faibles de Facebook. Un cas d'agression sexuelle était ainsi recensé dans le métavers, début décembre 2021.

Des jeux "bac à sable"

Méta n'a toutefois ni le monopole, ni la primauté sur le métavers. Plusieurs platefomes existaient déjà depuis un certain temps. The Sandbox par exemple, dont le groupe Carrefour a acheté une parcelle cette semaine, est un "bac à sable", comme son nom l'indique. Autrement dit: un jeu sans but précis, dont le seul objet est l'interaction avec les objets virtuels et les autres joueurs. Existant depuis 2010, cette plateforme utilise la technologie blockchain depuis 2018.

Dans les faits, The Sandbox est un terrain virtuel immense, dont il est possible d'acquérir des parcelles en les achetant en cryptomonnaies. Les parcelles sont ainsi enregistrées dans la blockchain, la "chaîne de blocs", concept relatif aux cryptomonnaies, qui permet de certifier, via un calcul complexe, l'authenticité et l'exclusivité de l'achat.

Fin décembre 2021, au moins 17.000 personnes possèdaient des parcelles dans The Sandbox, selon le site spécialisé Cryptoast. Parmi elles, on trouve des marques et des célébrités, comme Snoop Dog, la marque de sport Adidas ou celle d'informatique Atari.

La carte des terrains dans The Sandbox.
La carte des terrains dans The Sandbox. © The Sandbox

Gestion d'immobilier virtuel

Le métavers de The Sandbox est constitué de parcelles appelées "LANDS", dont le nombre est limité à 166,464 unités.

"Elles peuvent être utilisées pour diffuser des jeux, créer des expériences multijoueurs, des logements, ou encore des communautés", explique le site web de The Sandbox.

Difficile de mentionner The Sandbox sans son concurrent, Decentraland. Ce dernier fonctionne sur une même base: monde ouvert, et possibilité d'inscrire sa propriété dans la blockchain. Une fête y était d'ailleurs organisée en janvier 2022, suscitant les moqueries des internautes pour son aspect désuet.

Un exemple des environnements de Decentraland.
Un exemple des environnements de Decentraland. © Decentraland

Decentraland recense 90,601 parcelles achetables. Il existe même un service de gestion immobilière, permettant aux clients de s'occuper de plusieurs terrains en même temps.

Les deux plateformes sont aujourd'hui parmi les plus populaires, grâce à leur important volume de vente d'immobilier dans le métavers. Il faut dire que les prix de l'immobilier virtuel se sont littéralement envolés ces derniers mois.

Jeux vidéo en réalité virtuelle

Pour élargir le terme, il faut citer ce qu'un métavers était avant de devenir le fer de lance de la nouvelle stratégie de Facebook. Certains jeux vidéo sont un exemple concret de ce que pourrait donner - du moins, visuellement - l'aboutissement des projets cités précédemment.

On peut par exemple penser au jeu Minecraft, qui se rapproche visuellement beaucoup de The Sandbox, avec un même esprit de jeu "bac à sable". Minecraft est un jeu de construction, qui se joue seul ou à plusieurs.

Dans un tout autre genre, le jeu en ligne Fortnite peut également être perçu comme un métavers à succès. Après l'avoir sorti comme un simple jeu de tir, les développeurs de Fortnite y ont ensuite organisé des événements virtuels, exploitant les terres en 3D du jeu. Pas moins de 12 millions de joueurs étaient présents lors du concert virtuel du rappeur américain Travis Scott.

Une image du concert de Travis Scott dans Fortnite.
Une image du concert de Travis Scott dans Fortnite. © Epic Games - Fortnite

Il est par ailleurs difficile d'évoquer le metavers sans citer Second Life. Ce jeu des années 2000 est presque systématiquement pris comme exemple de metavers. Si la réalité virtuelle n'est pas utilisée dans Second life, qui se contente de graphismes en 3D particulièrement datés, le jeu a mis en scène beaucoup des promesses actuelles.

Interactions sociales, concerts, manifestations: tout était possible, ou presque, dans Second Life. Certaines grandes marques, ou même des partis politiques se sont emparés de la plateforme pour mettre un premier pied dans le virtuel. Des mécaniques similaires à ce que l'on retrouve aujourd'hui, qui démontrent que le succès à long terme du métavers est loin d'être assuré.

Victoria Beurnez