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Pourquoi Facebook veut convaincre l'Union européenne que Messenger n'est pas une "vraie" messagerie

Malgré les exigences européennes, Meta n'entend pas rendre sa messagerie compatible avec ses rivaux.

Après Microsoft et Apple, autour de Meta de contester le DMA, la nouvelle règlementation européenne sur les géants de la tech. La maison-mère de Facebook, Instagram et Whatsapp a décidé de faire appel de la décision européenne qui désigne Messenger et Marketplace (sa place de marché) comme "gardiens" du marché numérique.

Pour bien comprendre, l'Union européenne a nommé plusieurs grosses entreprises du secteur comme gardiennes ("gatekeepers"). Ce statut leur donne de nouvelles obligations qui concernent le consentement des utilisateurs sur leur données et l'interopérabilité des services de messageries.

En clair, l'Union européenne réclame que les différentes messageries puissent communiquer entre elles: qu'un utilisateur de Whatsapp puisse envoyer un message sur Telegram ou sur un iPhone (via iMessage). Une ouverture pas vraiment du goût des entreprises de la tech qui tentent de trouver les arguments juridiques pour y échapper. Par exemple, Apple juge que son service de messagerie iMessage n'a pas un nombre d'utilisateurs suffisant pour être considéré comme un "gardien".

Juste une fonction

Meta a une autre idée pour exempter Messenger de l'interopérabilité. Pour le groupe, sa messagerie n'est pas un service à part entière, mais simplement une fonction de Facebook. Ce qui, aux yeux de l'entreprise californienne, devrait lui éviter d'être soumis à cette règle puisque seules les grandes messageries sont concernées.

"Cela n'enlève rien à notre ferme engagement de nous conformer au DMA, et nous continuerons à travailler de manière constructive avec la Commission européenne pour nous préparer à cette mise en conformité" assure Meta dans un communiqué.

Cette pirouette peut-elle sauver Messenger de l'interopérabilité? Il faudra convaincre Bruxelles, d'autant que le service a été séparé de Facebook en 2014, avant de le réintégrer l'année dernière - mais disposant malgré tout de sa propre application.

Meta tente aussi de ne pas faire appliquer ces règles à Marketplace, sa plateforme de vente, qui serait aussi concernée par les nouvelles règles du DMA. L'entreprise assure qu'il s'agit d'un service de consommateur à consommateur, sans intervention de Meta.

Les géants de la tech ont jusqu'au 6 mars prochain pour se mettre en conformité avec le DMA. Selon le Financial Times, les différents appels devraient être jugés d'ici là.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business