Tech&Co
Facebook

Pourquoi Facebook va vous demander l'autorisation de pister les liens sur lesquels vous cliquez

Confronté à des règles toujours plus contraignantes, le réseau social de Mark Zuckerberg a dévoilé une nouvelle fonctionnalité visant à plus de liberté à ses utilisateurs.

La pratique est connue: vous êtes sur Facebook, sur mobile ou navigateur, et vous cliquez sur un lien présent dans votre flux d'actualité. Mais avec "l'historique des liens" (déployé dans les prochaines semaines partout dans le monde), le réseau social lancé par Mark Zuckerberg a peut-être trouvé un moyen de suivre ses utilisateurs plus concrètement, tout en s'évitant les foudres des autorités.

Sur le papier, Facebook promet que cette option permettra à chacun de conserver la liste des liens sur lesquels il a cliqué. Mais dans les faits, le but est surtout de demander - de façon déguisée - l'autorisation pour pister chaque clic des internautes, malgré la réglementation.

En Europe, la maison-mère de Facebook, Meta, est en effet au cœur de plusieurs scandales et enquêtes de la part des régulateurs, qui pointent du doigt les failles dans le système de suivi des utilisateurs. Les autorités accusent ainsi le réseau social de ne pas respecter le consentement de ses membres, et donc le règlement européen sur les données personnelles (ou RGPD).

Ménager annonceurs et régulateurs

Depuis la mise en place du RGPD, Facebook a ainsi dû faire face à une sensible baisse de qualité de son algorithme, qui permettait pour les annonceurs d'accéder à des outils puissants pour mieux cerner les habitudes des utilisateurs. Pour les ménager tout en s'évitant une charge des régulateurs, le réseau social a donc lancé "l'historique des liens", qui vous permet de mieux maîtriser les informations que vous transmettez en cliquant sur les liens.

Lorsque vous cliquez sur un lien depuis l'application Facebook, Meta sait où vous êtes allé, et est ensuite en mesure de vous traquer tout au long de votre navigation, tout en ayant un historique de vos habitudes et vos préférences en ligne. Autant d'informations ensuite utilisées par les annonceurs. Un pistage total permis par le navigateur de Facebook, particulièrement gourmand en données personnelles, depuis de longues années.

Dans le message affiché pour présenter la fonction, le réseau social soutient qu'il s'agit d'un service visant à "améliorer" la vie de l'utilisateur, qui ne perdra ainsi "jamais" les liens sur lesquels il clique. Si l'activation n'est donc pas obligatoire, le bouton d'acceptation, lui, est coché d'office, notent nos confrères de Gizmodo.

En cas de refus, l'historique de ces liens est automatiquement supprimé au bout de 90 jours, à l'heure où il est quasiment impossible d'éviter que ses données ne soient partagées, à moins de payer un abonnement baptisé Meta Verified.

Sylvain Trinel