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Le régulateur américain demande à Facebook d’arrêter de monétiser les données des enfants

L’entreprise américaine n’aurait pas respecté une ordonnance actée avec la Federal Trade Commission en 2020. Des manquements au respect des données personnelles ont notamment été observés.

L’avenir s’assombrit un peu plus pour le groupe Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp), en partie à cause de son activité auprès des plus jeunes utilisateurs. Après une longue enquête du Guardian qui notait l’échec du groupe à lutter contre le trafic sexuel des enfants, c’est au tour de la Federal Trade Commission (FTC) de s’en prendre au géant américain.

L’agence indépendante américaine, chargée du contrôle du droit de la consommation, affirme en effet que Meta n’aurait pas respecté les ordonnances actées au cours des dernières années. Ces textes spécifiaient notamment les obligations de Meta en termes de collecte et traitement des données ainsi que d’utilisation de la reconnaissance faciale.

Mise en danger des mineurs

Au cours des dernières années, Facebook ne se serait pas conformé à ses obligations. "Facebook a violé à plusieurs reprises ses promesses de confidentialité", indique ainsi la FTC dans son communiqué de presse.

"L’imprudence de l’entreprise a mis les jeunes utilisateurs en danger, et Facebook doit répondre de ses échecs", ajoute l’autorité.

Selon la FTC, Facebook aurait notamment induit en erreur sur sa capacité à contrôler Messenger Kids, l’application de messagerie sœur du Messenger classique mais réservée aux enfants. Le service promettait des conversations sécurisées, uniquement avec des contacts renseignés par les parents. Mais l’agence affirme que des conversations, textuelles et vidéos, avec des contacts non approuvés ont été relevées à plusieurs reprises.

Meta aurait également continué à donner aux développeurs d’applications tierces l’accès aux utilisations privées des utilisateurs inactifs. Le géant américain avait pourtant assuré qu’il couperait ces accès en cas d’inactivité sur ses applications au cours des derniers 90 jours.

Un "coup politique" selon Meta

Pour remédier à ces manquements, la FTC propose une interdiction générale de monétiser les données des mineurs, pour toutes les applications du groupe et les futures sociétés que Meta pourrait acquérir. L’autorité américaine souhaite aussi que l’entreprise ne publie plus aucune nouveauté sans avoir la certitude que celle-ci est conforme aux exigences de confidentialité. Enfin, Meta devra divulguer et obtenir le consentement affirmatif des utilisateurs pour l’utilisation de la reconnaissance faciale.

Meta a de son côté réagi à l’annonce de la FTC dans un communiqué ainsi qu'un tweet de son porte-parole, évoquant un "coup politique" et une "tentative d’usurper l’autorité du Congrès pour établir des normes à l’échelle de l’industrie".

"La FTC s’attaque à une entreprise américaine tout en permettant aux entreprises chinoises comme TikTok d’opérer sans contrainte sur le sol américain", s’insurge l’entreprise dans son communiqué.

Le géant de la tech se questionne notamment sur la légitimité de la FTC à imposer ce type de demandes. Meta affirme également avoir investi 5 milliards de dollars dans un programme de confidentialité plus rigoureux dans le respect des données personnelles. L’entreprise a 30 jours pour proposer ses réponses concrètes aux conclusions de la FTC.

Julie Ragot