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Facebook: des millions de Français confrontés à de la propagande pro-russe

Le groupe américain Meta est visé par un rapport de l'ONG AI Forensics après la découverte de près de 4.000 pages Facebook diffusant de la propagande pro-russe.

Le nombre est impressionnant. Pas moins de 38 millions de comptes sur Facebook, et Instagram, en France et en Allemagne ont été confrontés à de la propagande pro-russe sur les six derniers mois, selon le rapport de l'ONG AI Forensics, publié ce mercredi 17 avril. Plus inquiétant encore, à l'aube des élections européennes, la plupart de ces publicités politiques n'ont pas été identifiées comme telles par Meta.

"Selon notre estimation prudente, dans les 16 pays de l'UE considérés dans cette étude, 66% des publicités politiques ne sont pas déclarées comme telles. Parmi ces dernières, moins de 5% sont modérées par Meta comme politiques", soulève le rapport de l’organisation, spécialisée dans le domaine du numérique.

En France et en Allemagne, 20% des publicités sont étiquetées par Meta comme politiques.

Au total, pas moins de 3.826 pages Facebook diffusant de la propagande pro-russe dans l'UE ont été identifiées par le rapport. Le tout, en moins de six mois. L'ONG indique également que "les rares publicités modérées par la plateforme ont toujours été vues entre 2,6 et 3,6 millions de fois avant d'être modérées."

Les élections, un test de résistance crucial

D'autres publicités diffusées sur le réseau promeuvent les escroqueries à l’investissement. Une de ces campagnes a touché au moins 128 millions de comptes dans dix pays de l’UE entre janvier et février 2024.

L’ONG pointe ainsi l'immobilisme de Meta sur le sujet de la désinformation: "L'échec systémique dans la modération des publicités politiques par Meta est profondément préoccupant, surtout à l'approche des élections", a déclaré Paul Bouchaud, chercheur principal de l'étude, cité dans le rapport.

"Les élections européennes constitueront un test de résistance crucial pour déterminer dans quelle mesure le Digital Service Act (DSA), peut être efficace pour prendre des mesures décisives contre les réseaux d'influence."

Des échecs à répétition

En effet, depuis l'entrée en vigueur du DSA en août, Facebook, Instagram, X (ex-Twitter), Youtube et Tiktok sont soumis à des obligations renforcées en matière de contrôle de contenus et de lutte contre la désinformation en ligne.

Ce n'est pas la première fois que le groupe échoue à lutter contre la désinformation et la mésinformation sur ses plateformes. En octobre dernier, l'ONG Reset avait également découvert sur Facebook un réseau publicitaire malveillant au service de la propagande russe en Europe.

Quelques mois auparavant, un rapport réalisé pour l'Union européenne pointait déjà du doigt la difficulté qu'ont les plateformes à lutter contre la désinformation russe. Tiktok et Twitter avaient été épinglés dans le bilan.

Salomé Ferraris