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Wish, Joom: faut-il commander ces produits high-tech vendus à prix dérisoire?

ENQUÊTE. Sur ces sites de vente en ligne, dont les produits sont expédiés directement de Chine, de nombreux accessoires high-tech sont disponibles à des prix défiant toute concurrence. Malgré tout, l’achat constitue rarement un bon investissement.

Un smartphone à 60 euros, une console de jeu à 20 euros, une batterie externe à 10 euros… A quelques jours de Noël, de tels tarifs peuvent faire rêver. Ils sont bel et bien pratiqués sur des sites comme Wish et Joom, qui figurent parmi les marchands en ligne les plus populaires. Afin d’évaluer s’il est réellement possible d’y faire de bonnes affaires, BFMTV a commandé une multitude de produits sur ces plateformes, dont trois produits high-tech: une paire d’écouteurs AirPods reconditionnés signés Apple (10 euros sur Joom); un drone - sans marque référencée - avec caméra embarquée (30 euros sur Joom), ainsi qu’une carte mémoire PNY de 512 Go (6 euros sur Wish).

Trois produits: deux arnaques et une panne

Contrairement à des sites basés en France, Wish et Joom - tout comme Aliexpress - proposent des produits livrés directement par des fabricants chinois - que l’on retrouve par ailleurs dans les contenus promotionnels de certains influenceurs sur Instagram. Ces derniers sont ainsi expédiés de l’autre bout du monde et impliquent pour le client de s’armer de patience. Le premier nous est parvenu au bout de quinze jours, le dernier au bout de six semaines.

Nous avons en premier lieu reçu les AirPods reconditionnés d’Apple, normalement vendus (neufs) à 179 euros. Comme nous pouvions le craindre à la vue du prix dérisoire du produit, il s’agit d’une arnaque: les écouteurs reçus ne sont pas ceux d’Apple et ne correspondent en aucun cas au visuel disponible sur Joom. Après plusieurs tentatives infructueuses, nous sommes parvenus à les faire fonctionner. La qualité sonore s’est révélée catastrophique.

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La deuxième livraison fut la carte microSD de la marque PNY, promettant une capacité de stockage de 512 Go. Un produit habituellement vendu plus de 100 euros. Avec nos confrères de 01net.com, nous avons décidé de le mettre à l’épreuve. Ces derniers ont ainsi réalisé une batterie de tests, révélant qu’il s’agit d’une carte microSD de contrefaçon, pouvant abriter seulement 16 Go de données. Là encore, l’arnaque est criante.

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Nous avons enfin reçu le drone, seul produit à correspondre parfaitement à sa description. Hélas, ce dernier s’est révélé tout aussi décevant: l’application pour mobile n’étant pas fonctionnelle, nous avons dû nous rabattre sur la manette fournie avec l’appareil pour le faire décoller. Cette dernière ne s’est malheureusement jamais activée.

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Une perte sèche, et de potentiels dangers

Malgré les apparentes bonnes affaires, la perte sèche grimpe donc à près d’une cinquantaine d’euros. Les désillusions ont été tout aussi fortes pour les autres produits que nous avons commandés (un casque de moto bien trop fragile sur Aliexpress, une fausse crème estampillée La Roche-Posay, ou encore des briques de construction pour enfant à la présentation plutôt bâclée).

Plus que décevants, ces produits peuvent s’avérer dangereux, faute de conformité aux normes européennes.

"Comme les produits traversent les frontières, certains de nos marchands peuvent ne pas correspondre aux normes du marché français. Dans ce cas, les ventes interviennent dans le pays où le marchand est enregistré, selon les lois de ce pays spécifique." explique Ilya Shirokov, PDG de Joom, à BFMTV. Pour le dirigeant, une vente est donc enregistrée en Chine... y compris si elle se destine à un client français. Ilya Shirokov assure par ailleurs que chaque client peut demander un remboursement en cas de réception d'une contrefaçon.

En 2018, la DGCCRF a passé commande auprès des sept plateformes les plus populaires dans l’Hexagone, pour un total de 160 produits. Les deux-tiers étaient non-conformes à ces normes. Près de 40% se sont révélés dangereux en raison de la présence de substances et/ou de composants prohibés dans l’UE.

Comme le rappelle la DGCCRF à BFMTV, les moyens d’actions des autorités françaises sont très limités: les plateformes comme Joom, Wish ou Aliexpress se présentent comme simples intermédiaires, mettant en relation les clients français et des vendeurs basés à l’autre bout du monde, bien souvent sans adresse, numéro de téléphone, ni numéro de TVA.

Si les risques pour la santé de faux compléments alimentaires ou produits dermatologiques sont aisés à imaginer, les produits high-tech ne sont pas dépourvus de dangers. Bon nombre d’entre eux sont notamment équipés de batteries, qui, faute de contrôle, pourraient davantage être susceptibles de déclencher un incendie. Par ailleurs, il est impossible de savoir si les fabricants d’écouteurs prennent le soin de respecter les limites de volume sonore imposées par les normes européennes.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co