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Peut-on faire confiance à Joom, le nouveau concurrent de Wish et Amazon?

Lancé en 2016, le site d'e-commerce Joom (d'origine russe) propose des millions de produits à des tarifs extrêmement bas. Mais, pour le consommateur, le pari peut être risqué car aucun contrôle qualité n'est pratiqué sur les produits vendus.

Un smartphone à cinquante euros, des chaussures à moins de dix euros, ou encore des écouteurs sans fil à trois euros. Sur le papier, la promesse peut faire rêver. C’est celle de Joom, un site de vente en ligne créé il y a trois ans en Russie. D’après l’entreprise, 40.000 français installent chaque jour son application, disponible sur iOS et Android. A terme, le groupe rêve de concurrencer le géant américain Amazon.

Des prix imbattables

A première vue, Joom ressemble à s’y méprendre à une autre application bien connue: Wish. Le service reprend le même concept: des millions de produits à vendre, accessibles en quelques secondes, provenant pour la majorité d’entre eux directement des usines chinoises. A l’image de Wish, Joom fait donc office d’intermédiaire pour des milliers d’entreprises asiatiques, qui se retrouvent ainsi référencées dans une application unique.

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A la différence d’Amazon, Joom ne possède aucun entrepôt et ne stocke aucune marchandise. Une fois la vente conclue, l’utilisateur est directement mis en relation avec le fabricant. Grâce à cette stratégie, les tarifs des produits sont imbattables. Il est ainsi fréquent de trouver des pantalons et des paires de chaussures à moins de dix euros, ou des smartphones vendus quelques dizaines d’euros. Il faut en revanche accepter de se fournir chez des marques totalement inconnues et faire preuve de patience.

Des délais de livraison aléatoires

La livraison se faisant directement depuis la Chine, les délais peuvent rapidement s’allonger. Pour promettre un envoi sans frais au consommateur, Joom affiche des estimations plutôt larges: entre 10 et 40 jours pour des écouteurs sans fil (très inspirés des AirPods d’Apple) et jusqu’à 28 jours pour une souris “gaming” pour PC portable.

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Ce sont d’ailleurs les difficultés de livraison qui reviennent le plus souvent sur le site Trustpilot, qui regroupe des avis sur des millions de sites Web. Sur près de 1000 commentaires, Joom récolte une moyenne d’une étoile sur cinq - contre deux étoiles sur cinq pour Wish, dont les délais de livraison sont très proches. Des dizaines de messages évoquent des délais non respectés, voire des produits jamais livrés.

Des risques financiers… et de sécurité

En théorie, les clients sont tenus de déclarer leurs achats auprès des douanes, afin de payer la TVA, soit 20% du prix total. Le montant peut être réclamé par le transporteur au moment de la livraison. Une information que se garde de préciser Joom sur son site.

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Par ailleurs, aucun contrôle de qualité n’est effectué sur la marchandise, notamment concernant sa conformité aux normes européennes. Il est ainsi possible de trouver des faux produits électroniques estampillés du logo de marques bien connues. Ces appareils contiennent des batteries, qui peuvent s’avérer dangereuses si elles ne sont pas conçues correctement. Au même titre, aucun contrôle n’est effectué pour d’autres produits sensibles comme le maquillage, les articles d’hygiène corporelle ou les produits destinés aux enfants.

“Le principal problème de ces plateformes est que l’on ne connaît pas l’identité du vendeur”, regrette Céline Avignon, avocate en charge du département Publicité et Marketing électronique au cabinet Lexing Alain Bensoussan. “En théorie, la garantie légale de chaque produit doit être appliquée” rappelle-t-elle, tout en admettant que face à un vendeur qui n’est pas européen “il sera extrêmement difficile d’obtenir gain de cause en cas de litige”.

Pour le consommateur, Joom bénéficie d’avantages et inconvénients très proches de ceux Wish, avec des prix très bas qui compensent une fiabilité perfectible des produits. Le service est souvent à la limite de la légalité, notamment en raison d’un manque d’information concernant les articles vendus et des prix barrés parfois irréalistes. Fin 2018, ces pratiques avaient valu à Wish d’être pointé du doigt par l’association 60 millions de consommateurs.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co