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Données personnelles: pourquoi il faut utiliser l'appli Houseparty avec précaution

Houseparty vient pallier la solitude en période de confinement.

Houseparty vient pallier la solitude en période de confinement. - Houseparty

Devenue l'application de référence pour organiser des rendez-vous virtuels entre amis, Houseparty s'avère très gourmande en données personnelles.

Elle est devenue un réflexe pour bon nombre de Français. L'application Houseparty, lancée en 2016, permet de discuter par chat vidéo, entre groupes pouvant comprendre jusqu'à huit personnes. D'où l'un de ses usages les plus prisés jusqu'à présent: réaliser des apéros virtuels entre amis, et trinquer par écrans interposés pendant le confinement.

Pour fonctionner, l'application aux plus de 20 millions d'utilisateurs nécessite quelques informations de connexion classiques, dont un pseudo et un numéro de téléphone, et requiert l'accès à un carnet de contacts pour retrouver des amis et proches. Houseparty viendra ainsi puiser dans le répertoire de ses utilisateurs, ou encore dans leurs contacts Facebook et Snapchat, pour les mettre en relation. Avec une particularité: les amis d'amis pourront venir rejoindre les conversations vidéo ou mini-jeux lancés via le service.

Tournée générale sur les données personnelles

Un simple coup d'œil à la politique de confidentialité de l'application permet de mieux discerner l'étendue des données personnelles collectées. En la matière, Houseparty brasse très large.

"De façon assez classique, l’application demande l’accès au répertoire de ses utilisateurs, et collecte l’intégralité de leurs contacts. Le service sera dès lors en mesure de faire une analyse précise des interactions sociales d'une personne, et donc de savoir qui a le numéro de qui, et qui est en contact avec qui. Cela peut bien évidemment poser problème si ces interactions fuitent par la suite", explique Suzanne Vergnolle, doctorante en droit à l’Université Paris-II-Panthéon-Assas et spécialiste de la protection des données personnelles et de la vie privée.

La collecte des données effectuée par Houseparty est loin de se limiter au seul carnet de contacts. "L'appli va récupérer l’adresse IP de l’utilisateur, le numéro IMEI de son appareil, son opérateur… et de manière plus large, le nom, la localisation, le genre mais aussi les photos de ses utilisateurs. Autant d’informations qui pourront par la suite être recoupées", complète Suzanne Vergnolle.

L'une des dispositions les plus inédites de la très populaire application a trait à l'utilisation des échanges personnels effectués sur le réseau. Le service sera "libre d'utiliser le contenu de toutes les communications passées via ses services, dont toute idée, invention, concept ou techniques", peu importe leur objectif concret, dont le fait "de développer, de concevoir ou de vendre des biens et services".

"L’application collecte le contenu de toutes les conversations. D'une part cela signifie que les communications ne sont pas chiffrées et que House Party peut y avoir accès", souligne Suzanne Vergnolle. "D'autre part, cela implique que les conversations personnelles, ou au sujet d’une idée de start-up, sont à éviter". Houseparty viendra ainsi très peu se prêter à des échanges confidentiels, et encore moins professionnels.

Enfin, certaines données seront d'office considérées comme "non personnelles" par le réseau, sans qu'Houseparty n'entre véritablement dans les détails. L'application viendra par exemple suivre l'activité de ses utilisateurs en dehors de son service, pour garder en mémoire les sites tiers consultés. Dans ces cas en particulier, le fait de refuser la collecte de ses données n'aura aucun effet.

Faut-il pour autant renoncer à Houseparty? L'application peut garder un usage strictement récréatif, à condition de prendre garde au contenu de ses conversations personnelles. Pour protéger le contenu de ses communications, les applications chiffrées telles que WhatsApp ou FaceTime seront à privilégier. Les échanges comportant des informations d'ordre professionnel devront, eux, se limiter strictement à des outils dédiés.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech