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Concert-test d’Indochine: des caméras “intelligentes” contrôleront le port du masque

Le concert, qui se tiendra le 29 mai à l’AccorHotels Arena, alimentera une étude de l’AP-HP pour évaluer l’impact de tels événements sur la diffusion du Covid-19.

Après de longs mois sans public, le groupe Indochine montera sur la scène de l’AccorHotels Arena ce 29 mai, à l’occasion d’un concert-test organisé par le PRODISS, syndicat national du spectacle musical et de variété. L’événement, qui accueillera 5000 personnes masquées, sera utilisé pour l’étude SPRING, détaillée par l’AP-HP ce 12 mai, visant à mesurer la dangerosité d’un concert dans une salle fermée dans l’épidémie de Covid-19.

Des caméras pour filmer le public

Dans un communiqué de presse repéré par l’Usine Digitale, l’AP-HP annonce avoir noué un accord avec l’entreprise Datakalab co-fondée par Frank Tapiro, ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy.

Cette dernière sera chargée d’évaluer le nombre de spectateurs respectant le port du masque, mais également de juger si ce dernier est correctement porté. Le tout grâce à des caméras installées dans la salle, chargées de filmer le public et d’analyser automatiquement les images grâce à un logiciel développé par l’entreprise.

“Ce dispositif permettra d'obtenir des statistiques anonymes précises, objectives et actualisées sur le taux de personnes portant correctement leur masque (pas de masque, mal porté, bien porté) pendant toute la durée de l'événement" précise le communiqué de l’AP-HP.

A l’issue de l’expérience, les équipes de l’AP-HP compareront le taux de contamination des 5000 participants au concert à celui d’un groupe “contrôle” composé de 2500 personnes n’y assistant pas. Pour effectuer les mesures, les 7500 personnes seront testées dans les 72 heures précédant le concert puis sept jours après. Les résultats de l’étude SPRING sont attendus fin juin 2021.

Un dispositif retoqué par la CNIL

L’entreprise Datakalab a déjà fait parler d’elle au cours de la pandémie de Covid-19. Au printemps 2020, elle avait noué des partenariats avec la RATP et la ville de Cannes pour évaluer le port du masque dans les transports en commun.

Une initiative rapidement mise en suspens après la publication d’un avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), qui avait sévèrement jugé le dispositif.

Le 17 juin 2020, la Commission estimait que le déploiement de caméras “intelligentes” pour contrôler le port du masque impliquait “une collecte et une analyse systématiques de données d’individus circulant dans l’espace public ou dans des lieux recevant du public”, avec un “risque de généraliser un sentiment de surveillance chez les citoyens, de créer un phénomène d’accoutumance et de banalisation de technologies intrusives, et d’engendrer une surveillance accrue, susceptible de porter atteinte au bon fonctionnement de notre société démocratique”.

La CNIL rappelait par ailleurs que ces dispositifs ne permettaient pas de faire respecter le droit d’opposition, pour que chacun puisse refuser d’être filmé et de voir ses données analysées.

Malgré ces mises en garde, le gouvernement a publié en mars 2021 un décret autorisant ces caméras de surveillance du port du masque dites "intelligentes", sans prévoir de droit d’opposition. Le texte, qui évoque uniquement le cas des transports publics, ne s’applique donc pas au concert-test de ce 29 mai.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co