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Émeutes en Nouvelle-Calédonie: des ingérences étrangères détectées sur Twitter et Facebook

Les deux réseaux sociaux sont pointés du doigt par un rapport de Viginum, publié ce 17 mai.

Depuis quelques jours, la Nouvelle-Calédonie est en proie à des émeutes après le vote à l'Assemblée nationale d'une loi revoyant les statuts sur les droits de vote des habitants de l'archipel. Selon les autorités, des "manœuvres informationnelles" ont été détectées sur Facebook et X (anciennement Twitter), dans un objectif de désinformation.

Des publications lancées depuis l'Azerbaïdjan

Ces manœuvres émaneraient, selon Viginum, service chargé de la vigilance et de la protection contre les ingérences numériques étrangères, d'acteurs azerbaïdjanais, en lien avec le parti politique présidentiel.

Plusieurs centaines de publications, similaires, ont ainsi été repérées sur Facebook et Twitter. Celles-ci montrent le corps d'un indépendantiste tué par balles en Nouvelle-Calédonie, avec également ce qui est décrit comme un "policier français" à l'origine du tir, affublé du message "La police française est meurtrière, les meurtres d'Algériens continuent".

Des propos "manifestement inexacts ou trompeurs", révèle le document.

Des tweets cherchant à désinformer sur la Nouvelle-Calédonie et avec les hashtags des Jeux olympiques de Paris 2024
Des tweets cherchant à désinformer sur la Nouvelle-Calédonie et avec les hashtags des Jeux olympiques de Paris 2024 © VIGINUM

Les hashtags #RecognizeNewCaledonia, #EndFrenchColonialism, #FrenchColonialism, #BoycottParis2024 et #Paris2024 sont également utilisés pour faire grossir l'engagement de ces publications, reproduites par 1686 utilisateurs sur Twitter, à travers 5187 messages et 179 republications. Sur Facebook, ce sont 145 publications de 80 utilisateurs qui ont été observées.

En plus de ces publications, une vidéo qui "présente un montage de plusieurs scènes montrant des manifestants indépendantistes prétendument blessés ou tués par les forces de police française" a été diffusée massivement dès le 16 mai à 18h par des comptes créés entre janvier et mai 2024, dont certains reliés au YAP.

La vidéo diffusée depuis le 16 mai 2024 qui est un montage visant à discréditer la police française en Nouvelle-Calédonie.
La vidéo diffusée depuis le 16 mai 2024 qui est un montage visant à discréditer la police française en Nouvelle-Calédonie. © VIGINUM

Viginum explique que plusieurs de ces comptes utilisés pour diffuser de fausses informations sur la situation en Nouvelle-Calédonie ont déjà été à l'origine de plusieurs publications visant à boycotter les Jeux Olympiques de Paris 2024, ou à les discréditer, notamment avec des vidéos et clichés de violences urbaines visant la police française.

Dans le rapport, seuls Facebook et Twitter sont cités, alors même que Tiktok a été interdit en Nouvelle-Calédonie. Une mesure attaquée en justice par des associations de défense des libertés. Le choix du gouvernement de bannir le réseau social pendant la crise actuelle a été beaucoup questionné, certains observateurs n'y voyant pas de motifs impérieux le nécessitant. Tiktok a vivement contesté cette interdiction.

Sylvain Trinel