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Données personnelles

Comment disparaître d'internet?

Une fois inscrit sur internet, il est difficile de s’en effacer. Réseaux sociaux, plateformes institutionnelles et autres possèdent de nombreuses données personnelles.

Des photos, des vidéos, des centres d'intérêt ou encore des commentaires. La liste (non exhaustive) des données que nous laissons sur le web peut se révéler très longue. Une trace presque indélébile qui peut parfois devenir un cauchemar: contenus illégaux, diffamation, usurpation d'identité. On pourrait être tenté de les faire disparaître.

Bonne nouvelle: c'est possible. Mais (vraiment) pas simple.

Depuis 2016 en Europe, le règlement général sur la protection des données (RGPD) permet, par son article 17, le droit à l'effacement ("droit à l'oubli"). L'article prévoit que "la personne concernée a le droit d’obtenir [...] l’effacement de données à caractère personnel la concernant."

Une obligation pour les réseaux sociaux

Et les premières sources de données auxquelles on pense sont évidemment les réseaux sociaux. Selon le rapport annuel de We Are Social, 52,1 millions de Français sont inscrits sur ces plateformes, soit 80,5% de la population.

Les réseaux sociaux qui cumulent le plus de données personnelles - Facebook, X (ex-Twitter), Instagram, Linkedin, Snapchat, Telegram, Tiktok et Twitch - sont ceux où il faut désactiver son profil en priorité pour disparaître d’internet. Une tâche plus difficile qu’il n’y paraît, même si l’on détient un compte privé avec une vingtaine d’abonnés.

Comme le rappelle la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), "tout réseau social qui propose la création d’un compte" doit "également proposer une procédure pour le supprimer et donc supprimer les données". Voici dans ce tableau la procédure à suivre.

En pratique, les réseaux sociaux laissent une période comprise entre deux semaines et un mois durant laquelle toute reconnexion empêche la suppression du compte.

"Si après un délai d’un mois, le compte n’a pas été supprimé, il est possible de (leur) adresser une plainte", souligne la CNIL.

Mais certains éléments peuvent circuler malgré la suppression. "Il suffit qu’une capture d’écran ou un partage soit fait par l’un de nos abonnés pour que nos données sortent de leur cadre originel", explique à Tech&Co Liliana Bakayoko, avocat au barreau de Paris, dont l’un des domaines d’intervention est le droit du numérique.

"À partir de ce moment, le cheminement d’un contenu publié est inconnu et il est impossible de s’effacer d’internet", abonde Liliana Bakayoko.

Toujours selon l'avocat : "les réseaux sociaux ne représentent qu’une infime partie de là où nos données personnelles sont collectées". Et pour cause, 92,6% des Français utilisent internet (59,94 millions).

Google et les trois exigences

Sans surprise, c'est le moteur de recherche Google qui culmine en tête des sites internet visités en France. Presque 3 milliards d'allées et venues sont effectuées chaque mois. Le géant américain propose donc à ses utilisateurs de "supprimer des contenus (les) concernant", référencés sur son moteur.

"Sur demande, nous pouvons supprimer les liens vers le contenu incriminé des résultats de recherche Google", indique le centre d'aide Google.

Google dresse néanmoins trois exigences pour une suppression de données sur un site web: le contenu de l'URL signalée doit vous concerner personnellement; le site web n'est pas un site regroupant des avis sur les entreprises; le site web exige un paiement pour toute suppression de contenu.

Une fois la demande de suppression lancée, le moteur de recherche propose quatre motifs pour justifier cette dernière: s'il inclut de la nudité ou est à caractère sexuel; s'il inclut vos informations personnelles; s'il se trouve sur un site dont les pratiques de suppressions sont abusives, ou s'il montre une personne de moins de 18 ans.

Comme pour Google, le moteur de recherche de Microsoft, Bing, propose le blocage des résultats de recherches, mais uniquement en Europe.

De "précieuses informations"

Mais vos données sont aussi sur une myriade de sites. "Peu de personnes le savent, mais il y a des bases de données sensibles qui détiennent certaines de vos plus précieuses informations", poursuit Liliana Bakayoko. "Notamment pour le fisc, l’assurance maladie, les banques, les hôpitaux et bien d’autres. Même si ces données sont bien protégées, des fuites peuvent survenir".

Difficile de disparaître de tous ces sites (notamment ceux du service public), mais les services commerciaux doivent aussi appliquer, à votre demande, le droit à l'oubli.

Les comptes sur les sites marchands sont aussi à supprimer d’office si vous envisagez de disparaître d’internet. Amazon, Cdiscount, AliExpress et bien d’autres possèdent vos informations bancaires et vos coordonnées.

De même que les plateformes comme Youtube, Reddit, Dailymotion, Vimeo ou encore Wordpress, où il est préférable de supprimer les commentaires laissés au préalable. Sur les comptes de messagerie comme Whatsapp, Skype, Discord, Gmail ou Slack il est préférable de supprimer les conversations entières.

Enfin, il est possible de savoir si vos informations personnelles ont déjà été compromises sur le site haveibeenpwned.com.

Willem Gay