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Société

Violences conjugales: les médecins questionnent "trop peu" leurs patientes selon la HAS

La Haute autorité de la Santé publie ce vendredi 24 novembre une étude sur les violences conjugales et leur prise en charge par les professionnels de santé. Ils n'interrogent pas suffisamment leurs patientes contrairement aux recommandations.

Seulement 3% des femmes disent avoir été questionnées par leur médecin généraliste sur d'éventuelles violences conjugales ces 18 derniers mois, selon une étude publiée ce vendredi 24 novembre par la Haute autorité de santé (HAS).

Depuis 2019, les généralistes, gynécologues, pédiatres, urgentistes, sage-femmes etc sont censés "systématiquement" demander à toutes leurs patientes si elles subissent ou ont subi des violences, y compris en l'absence de signes d'alerte.

L'enjeu est de "faciliter la parole des victimes en normalisant le sujet", rappelle l'autorité publique dans un communiqué.

Selon ce baromètre réalisé en octobre 2022 puis en octobre 2023, sur 1.000 femmes dont 891 avaient consulté un généraliste au cours des 18 derniers mois, les pratiques des médecins "stagnent" et cette recommandation reste "trop peu mise en oeuvre", alors que les femmes y sont "très favorables", poursuit la HAS.

3 à 4 femmes sur 10 pourraient être des victimes

En 2022 comme en 2023, seules 14% des femmes ayant consulté un généraliste se souvenaient avoir été questionnées sur leur relation avec leur partenaire. Une très petite minorité (3% des répondantes) disent avoir "été directement questionnées sur d'éventuelles violences conjugales" subies.

Au sein de cet échantillon, une femme sur cinq a pourtant déclaré subir ou avoir déjà subi des violences de la part de son partenaire, physiques, verbales, psychologiques ou sexuelles. Et 2% ont dit les subir actuellement, 18% en avoir été victimes dans le passé.

"En moyenne en France, on estime que 3 à 4 femmes sur 10 pourraient être victimes de violences conjugales dans la patientèle d'un médecin généraliste", précise la HAS.

"Contrairement aux craintes de certains professionnels, 96% des femmes interrogées considèrent qu'un questionnement systématique est une bonne chose" (48% une très bonne chose, 48% plutôt une bonne chose), observe la HAS.

Une partie d'entre elles ont indiqué qu'elles pourraient se sentir gênées (23 %), jugées (15 %) ou choquées (13 %) par ce type de question, mais la plupart "déclarent quand même y être favorables".

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Les ressources sur les violences conjugales sont encore insuffisamment disponibles en cabinet: seules 28% du panel "se souvient en avoir vu", une proportion un peu plus grande (38%) parmi celles ayant déjà été victimes.

3919: le numéro de téléphone pour les femmes victimes de violences.

Le "3919", "Violence Femmes Info", est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement...). C'est gratuit et anonyme. Il propose une écoute, informe et oriente vers des dispositifs d'accompagnement et de prise en charge. Ce numéro est géré par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).

Caroline Dieudonné avec AFP