BFMTV
Société
Alerte info

Violences conjugales: le ministère de l'Intérieur dénombre 244.000 victimes en 2022, +15% sur un an

Photo d'illustration.

Photo d'illustration. - LOIC VENANCE/AFP

Le ministère de l'Intérieur a annoncé avoir fait état de 244.000 victimes de 2022, soit un hausse de 15% par rapport à 2021. Une victime sur quatre ne porterait pas plainte.

Un chiffre probablement très en dessous de la réalité. Au moins 244.000 personnes ont été victimes de violences conjugales en 2022, soit une hausse de 15% par rapport à l'année 2021, a annoncé ce jeudi 16 novembre le ministère de l'Intérieur. Ce chiffre a été établi sur la base de faits enregistrés par les forces de sécurité (police, gendarmerie...).

Les victimes sont des femmes à 86% (98% spécifiquement pour les violences sexuelles) et les plus de 198 000 mis en cause pour ces violences des hommes à 87%. Seule une victime sur quatre a porté plainte, selon les chiffres du Service statistique de la sécurité intérieure (SSMSI).

Deux fois plus de victimes signalées qu'en 2016

Cette augmentation annuelle de 15% est "proche du taux d'évolution annuel moyen constaté depuis 2019", observe dans un communiqué le Service statistique de la sécurité intérieure (SSMSI).

"Dans un contexte de libération de la parole et d'amélioration des conditions d'accueil des victimes par les services de police et de gendarmerie, le nombre de victimes enregistrées a ainsi doublé depuis 2016", observe ce service.

Pour le ministère, ces chiffres ne rendent cependant "pas compte directement de l'évolution de la délinquance", car la propension à porter plainte "dépend tout à la fois de la nature de l'infraction, du contexte dans lequel elle a été commise" et de "l'évolution des comportements dans la société", notamment "des dispositifs de protection ou de sanction mis en place".

Ainsi, certains faits peuvent "n'être jamais signalés ou l'être plus tardivement", pointe le SSMSI, qui estime qu'un quart seulement des victimes portent plainte.

Les victimes de violences sexuelle portent moins plainte

Cette estimation repose sur une comparaison entre les faits signalés et des "enquêtes de victimisation", menées auprès de larges panels représentatifs de la population. Ainsi, selon l'enquête européenne Genese 2021, 0,6% des 18-74 ans (0,9% des femmes et 0,2% des hommes) déclarent avoir été victimes en 2020 de violences physiques, sexuelles ou psychologiques de la part de leur conjoint ou ex-conjoint.

Le taux de victimes qui portent plainte est plus important pour les violences physiques (34%) et le harcèlement moral (26%), mais plus faible (10%) pour les violences sexuelles au sein du couple. Les deux tiers des violences rapportées sont d'ordre physique, 30% d'ordre verbal ou psychologique et 5% sont des violences sexuelles.

"Comme en 2021, la Seine-Saint-Denis, la Guyane, le Pas-de-Calais, le Nord et la Réunion sont les départements qui affichent les plus forts taux de victimes enregistrées pour 1.000 habitantes âgées de 15 à 64 ans", selon le ministère.

Par ailleurs, la part de victimes étrangères (15 %) est deux fois plus élevée que la part d’étrangers vivant en France (8 %).

Nombre de femmes de 15 à 64 ans victimes de violences conjugales pour 1 000 habitantes du même âge en 2022, par département.
Nombre de femmes de 15 à 64 ans victimes de violences conjugales pour 1 000 habitantes du même âge en 2022, par département. © Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI)

Les 30-34 ans sont les plus touchés

Les trois quarts des victimes ont entre 20 et 45 ans, la tranche d'âge la plus concernée étant celle des 30-34 ans qui concentre 17 % des victimes. Les violences physiques criminelles (homicides, tortures ou actes de barbarie) "restent très rares" avec moins de 1% des cas rapportés, note le ministère.

En 2022, 145 homicides conjugaux ont ainsi été recensés en France, dont 118 féminicides, quatre de moins qu'en 2021, selon un bilan publié début septembre. Ces "chiffres stables montrent que les efforts ne sont pas suffisants pour prévenir les violences et protéger les femmes victimes", avait alors commenté Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes.

Glenn Gillet avec AFP