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Port du voile à l'université: Pascale Boistard relance le débat

Actuellement, la loi n'interdit pas aux étudiants de porter le voile musulman ou la kippa à la fac (photo d'illustration).

Actuellement, la loi n'interdit pas aux étudiants de porter le voile musulman ou la kippa à la fac (photo d'illustration). - Pierre Andrieu - AFP

La secrétaire d'Etat aux droit des femmes, Pascale Boistard, s'est prononcée contre le port du voile à l'université. Une prise de position qui rappelle celles de Nicolas Sarkozy et d'Eric Ciotti, lequel a déposé une proposition de loi en ce sens il y a deux semaines.

Discrète dans le paysage médiatique, Pascale Boistard, secrétaire d'Etat aux Droits des femmes, a fait une sortie remarquée lundi dans le Talk/Figaro. Interrogée sur le port du voile - et non du voile intégral - à l'université, qui est encadré par une législation très floue (lire ci-dessous), la ministre s'est dite catégoriquement contre, avant de détailler son propos de façon plus prudente.

"Je pense que ça peut faire partie de ces espaces publics où le port du voile est interdit", a-t-elle poursuivi, bottant en touche à la question de savoir s'il fallait une nouvelle loi. "Je pense que c'est aux présidents d'université de dialoguer avec les étudiants. Il faut pouvoir en discuter. L'université est un lieu où l'on doit pouvoir parler de tout, et je ne suis pas sûre que le voile fasse partie de l'enseignement supérieur".

Divisions à gauche comme à droite

Le sujet est sensible, y compris à droite. Fin janvier, Nicolas Sarkozy avait mené une réunion à l'issue de laquelle l'UMP avait indiqué que "le champ d'application du principe de laïcité" devait être "étendu" aux universités. Au grand dam de certains ténors, opposés à l'idée, comme François Fillon ou Alain Juppé. Quelques jours plus tard, le député Eric Ciotti avait pourtant déposé une proposition de loi.

A gauche, le sujet avait divisé à l'été 2013. Manuel Valls, déjà Premier ministre, avait jugé "dignes d'intérêt" les idées préconisées par le Haut conseil à l'intégration, dont celle d'interdire le foulard musulman à la fac. Ce à quoi Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur, avait opposé une fin de non-recevoir. "L'université, ce n'est pas comme le collège ou le lycée, il s'agit de jeunes majeurs. (...) Qu'on n'invente pas des problèmes là où il n'y en a pas."

La ministre souhaitait au contraire encourager "les jeunes filles à faire des études supérieures, et en particulier celles qui portent le voile, car les études sont un facteur d'émancipation"

Ce que dit la loi actuellement 

Interrogés par BFMTV lundi, des étudiants de l'université Lyon III se sont tous rangés de son côté. "Il faut que les gens haut placés commencent à comprendre qu'il y a des gens différents". "Pour moi c'est un faux problème, un faux débat". "Il y a des extrémistes et il y a les religieux, et on essaie de mêler les deux en ce moment", ont ainsi estimé des étudiants. Même son de cloche pour Jean-Loup Salzmann, président de l'université Paris XIII et de la conférence des présidents d'université. "L'université est un haut lieu de la tolérance et de la liberté d'expression, et je pense que la communauté universitaire supporterait très mal une remise en cause de ces libertés".

Actuellement, la loi de 2010 interdit le port du voile intégral dans l'espace public, et la loi de 2004 interdit le port de signes religieux à l'école, au collège et dans les lycées publics, mais ce texte n'évoque pas le cas de l'enseignement supérieur. Le Code de l'Education stipule seulement qu'il est "laïque et indépendant de toute emprise religieuse". Certains établissements, comme l'IUT de Lille III, ont toutefois fait le choix d'interdire dans le règlement intérieur le port du voile, de la kippa, ou d'une croix ostentatoire. Le sujet donne régulièrement lieu à des accrochages. Début février, un professeur de l'université Paris XIII a été révoqué pour avoir refusé de donner cours devant une jeune femme qui portait un foulard musulman.