Villetaneuse: un enseignant révoqué pour non-respect du port des signes religieux
"Si sa liberté à elle est de porter le voile en tout lieu, la mienne est de refuser, dans mon pays, au regard de notre histoire et de notre culture, de donner un cours face à un visage voilé". Ce sont les mots d'un intervenant enseignant à l'université de Paris 13 Villetaneuse, après avoir dispensé un cours le 2 février dernier à une quinzaine d'étudiants en master 2, parmi lesquels se trouvait une jeune fille voilée.
En remarquant sa présence, cet avocat en droit des assurances avait exprimé son hostilité au "port de signes religieux dans l'espace public". "Il nous a dit qu'il avait grandi à Sarcelles, il a fait l'éloge du multiculturalisme mais il a aussi dit qu'il ne supportait pas l'affichage de signes religieux et qu'il ne s'attendait pas, après Charlie, à devoir faire cours devant une étudiante voilée", raconte un étudiant.
L'homme, qui enseignait dans cette université depuis 1987, a écrit à la responsable du master après l'incident. Il lui a fait part de son bonheur d'enseigner à des "étudiants aux couleurs de tous les drapeaux du monde, de toutes les religions", tout en redoutant le jour où il devrait "affronter le visage d'une étudiante" voilée. Vendredi, la responsable a annoncé aux élèves qu'un remplaçant lui serait trouvé.
Des étudiants indignés
Quatre des camarades de la jeune fille ont pris sa défense lors de l'incident. Ils ont reproché à l'enseignant une prise de position "idéologique" sans aucun rapport avec le cours. Plusieurs étudiants se sont ensuite plaints de la scène auprès de la direction. Selon l'un d'entre eux, la jeune fille de confession musulmane portait "un simple foulard" et "n'était pas prosélyte".
Jean-Loup Salzmann, président de l'université Paris 13, a rappelé que "le port du voile est autorisé à l'université". Il a dénoncé l'attitude de l'intervenant: "Si un enseignant, a fortiori un avocat qui connaît le droit, s'autorise à faire de la discrimination, la première chose à faire c'est de le suspendre", a-t-il affirmé. L'homme ne devait dispenser cette année que 6 heures de cours aux étudiants de Villetaneuse. Il reconnaît avoir eu une "réaction épidermique" et comprend la décision de l'université de le révoquer.