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Grenoble: qu'est-ce qu'Alliance Citoyenne, qui milite notamment pour le port du burkini dans les piscines?

Des membres de "l'Alliance Citoyenne" manifestent devant la piscine Jean Bron, le 30 juin 2019, pour défendre leurs droits de venir nager en burkini

Des membres de "l'Alliance Citoyenne" manifestent devant la piscine Jean Bron, le 30 juin 2019, pour défendre leurs droits de venir nager en burkini - JEAN-PIERRE CLATOT © 2019 AFP

Alors que le port du burkini pourrait être autorisé dans les piscines à Grenoble cet été, une association favorable à cette décision ayant organisé des actions coup de poing en ce sens par le passé refait surface: Alliance Citoyenne.

La polémique est de retour. Le port du burkini pourrait être autorisé dans les piscines municipales d'ici cet été à Grenoble, en vertu d'une modification du règlement de ces établissements présentée et défendue par le maire de la ville, Eric Piolle, le 16 mai prochain en conseil municipal. Cette perspective fait réagir à droite et un nom est souvent cité, celui d'Alliance Citoyenne.

L'association s'est fait connaître en 2019 lorsque plusieurs de ses membres se sont introduits dans une piscine grenobloise pour se baigner en burkini et protester ainsi contre l'interdiction de ce vêtement dans ces lieux. D'autres actions du même type avaient ensuite été menées.

Alliance Citoyenne est par ailleurs réputée proche d'Eric Piolle, comme l'indique une enquête du Parisien publiée ce mardi.

L'association est fondée en 2012 à Seyssins, près de Grenoble, en Isère. Elle succède à l'association Espace des Communautés et Habitants Organisés (ECHO), créée en 2010 par sept organisateurs, dont Adrien Roux, le désormais directeur de Alliance Citoyenne.

Lui et les autres fondateurs passent alors deux ans à écouter la colère des habitants ou à organiser avec eux des actions visant à l'amélioration de leurs conditions de vie", selon leurs propres mots. "C'étaient des étudiants grenoblois ou des personnes qui sortaient de l'université", précise Yoan Pinaud. Pas présent à l'époque, il est aujourd'hui directeur du collectif à Aubervilliers.

Convergence des luttes

"Ils se sont inspirés des méthodes qui sont utilisées aux États-Unis et dans les pays anglo-saxons, que l'on appelle community organizing", poursuit Pinaud. Autrement dit, il s'agit pour l'association d'"organiser un pouvoir citoyen pour que ceux qui subisent les injustices puissent faire entendre leur voix ensemble". Et ainsi "d'appliquer aux quartiers ce qui se fait avec les syndicats dans les entreprises", d'après lui.

Alliance Citoyenne prône également une convergence des luttes, présentant son approche comme "intersectionnelle". "L'idée, c'est de se battre contre toutes les injustices", justifie Pinaud, mettant en avant "les syndicats de locataires, d'handi-citoyens ou encore de femmes musulmannes", regroupés au sein du collectif.

Une façon pour Alliance Citoyenne de refuser d'être présentée comme une "association de confession". Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, souhaitait à ce titre lui annuler une subvention de 60.000 euros, accusant l'entité en novembre 2021 de "promouvoir la charia".

Des "convictions politiques différentes"

Pour se justifier, il s'appuyait sur deux éléments. D'abord, les actions menées par Alliance Citoyenne en faveur du port du burkini dans les piscines en 2019 à Grenoble. Ensuite, l'intégration au sein de l'association des "Hijabeuses", un collectif réclamant que les femmes puissent pratiquer le sport en match officiel tout en portant le voile.

Yoan Pinaud répond qu'Alliance Citoyenne mène des combats contre les discriminations et non des combats religieux. Il cite en exemple les luttes envers "les passoires thermiques en Seine-Saint-Denis" et les mobilisations pour dénoncer "les points non acessibles de la ville de Grenoble pour les personnes handicapées."

Aujourd'hui, Alliance Citoyenne revendique environ 9500 adhérents à travers la France, dont plus de 5000 à Grenoble. Le reste des membres est dans l'agglomération lyonnaise ou bien à Aubervilliers, où le collectif est également implanté. Yoan Pinaud assure que ces personnes "viennent de toutes les origines et religions" et qu'elles ont des "convictions politiques différentes".

Baptiste Farge