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Mohamed Chirani: "le salafisme est incompatible avec le vivre-ensemble"

Le consultant en prévention de la radicalisation était l'invité d'Olivier Truchot, mardi soir sur BFMTV, pour réagir aux propos de Manuel Valls. Le Premier ministre a déclaré lors d'une conférence sur l'islam à Paris qu'une minorité salafiste était en train de "gagner la bataille idéologique et culturelle" de l'islam en France.

Comment mesurer l'influence d'un courant salafiste, ultra-minoritaire estimé à 1%, parmi les Français de confession musulmane? Les propos de Manuel Valls, lundi soir en clôture d'une conférence à Paris sur "L'islamisme et la récupération populiste en Europe" ont eu un fort retentissement. Le Premier ministre a déclaré qu'une minorité salafiste était en train de "gagner la bataille idéologique et culturelle" de l'islam en France. Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech, a mis en garde contre des prises de position "clivantes" et "anxiogènes".

"C'est sectaire"

Mohamed Chirani, consultant en prévention de la radicalisation, a estimé mardi soir sur BFMTV que ses propos étaient légitimes. "Il était temps. Je considère que c'est absolument décisif dans la lutte contre la radicalisation et la guerre idéologique", a-t-il déclaré. Le spécialiste n'avait pas apprécié le terme d'"islamo-fascisme" employé par Manuel Valls après les attentats de Copenhague en février 2015. "C'était une erreur parce qu'il y a une généralisation de toute une religion", a-t-il développé. Alors qu'en désignant les salafistes, le problème est clairement identifié, selon l'expert.

Le consultant a tenu à préciser qu'il faisait la différence entre le salafisme piétiste majoritaire "qui est non violent" et celui qui est violent comme celui de Daesh ou de terroristes. Malgré tout, il a estimé que "le salafisme était incompatible avec le vivre-ensemble et les valeurs de la République". A la question est-ce que l'islam est compatible avec la démocratie et le vivre-ensemble, il répond oui.

Alors que l'idéologie du salafisme porte, à son avis, "les germes du 'non-vivre-ensemble', c'est sectaire. Il y a une sorte de séparation: nous et les autres. Il y a une insistance sur l'apparence, sur un code vestimentaire, sur le dessin, la musique, le rapport entre les hommes et les femmes".

Premier des résultats sur Internet

Malgré la faible proportion de salafistes, il a regretté que ces idées soient en train de contaminer les autres musulmans. Les salles de prière où elles sont prêchées entre 60 et 80 sont minoritaires sur 2.5000 que compte le pays. Pourtant, Mohamed Chirani a constaté que lorsque l'on fait des recherches sur Internet sur l'islam les premiers résultats renvoient vers des sites salafistes. Il a expliqué cet engouement par le fait que les salafistes ont une apparence de légitimité religieuse. Cela viendrait de l'Arabie saoudite qui tient les lieux saints de l'islam.

Mohamed Chirani a soutenu que le "vivre-ensemble" était possible dans le pays de la Mecque mais dès que "le salafisme sort de l'Arabie saoudite, il devient problématique" dans les pays arabes et surtout dans les pays occidentaux avec plusieurs religions. Autre argument avancé par le spécialiste, des responsables musulmans ont des intérêts avec le royaume saoudien. Une remarque qui a aussi été adressée à Manuel Valls ce mardi. Le député socialiste Alexis Bachelay a déclaré au micro de BFMTV, qu'on ne pouvait "d'un côté manger dans la main des Saoudiens et venir ici déclarer la guerre aux salafistes".

E. M.