Pour Valls, une "minorité" salafiste est "en train de gagner la bataille idéologique et culturelle de l'islam"

Le Premier ministre Manuel Valls a estimé lundi soir qu'une minorité salafiste était en train de "gagner la bataille idéologique et culturelle" de l'islam en France.

"Les salafistes doivent représenter 1% aujourd'hui des musulmans dans notre pays, mais leur message, leurs messages sur les réseaux sociaux, il n'y a qu'eux d'une certaine manière qu'on entend et il n'y a que en plus qui se font entendre pour les plus jeunes parce que la parole de l'Islam de France uni ne passe pas", a déclaré Manuel Valls en clôture d'un colloque à Paris sur "L'islamisme et la récupération populiste en Europe".

"Il y a une forme de minorité agissante, des groupes (salafistes) qui sont en train de gagner la bataille idéologique et culturelle", a-t-il ajouté. Le Premier ministre, qui avait suscité une polémique en parlant d'un "apartheid territorial, social, ethnique" après les attentats de Paris en janvier 2015, a ajouté qu'il estimait qu'il y avait "un travail essentiel de reconquête de la République et de la laïcité" dans certains quartiers populaires.

"Récupération populiste"

Et pour cela, il a donné un exemple en assurant que le voile n'était pas un phénomène de mode, répondant ainsi à la polémique de la semaine dernière sur ce sujet, mais "un asservissement de la femme", a déclaré le Premier ministre. Si la volonté de Manuel Valls est de créer un électrochoc pour obtenir une prise de conscience rapide, cette sortie de lundi soir a rapidement provoqué des critiques.

"Je pense que cette phrase vise, encore une fois, à mettre l’Islam et les musulmans de France au centre des débats nationaux, se désole Enis Chabchoub, l'imam de Noisy-le-Grand, en Seine-saint-Denis. Une polémique qui va surement attiser les haines ou les clivages entre les Français." De son côté, Raphaël Liogier, sociologue spécialiste du fait religieux, dénonce sur BFMTV une "récupération politique". "Il ne faut pas comparer salafisme et terrorisme, analyse-t-il. Je pense qu'il mélange tout et ce n'est pas un hasard."

La semaine dernière, il avait déjà partiellement validé des propos de son ministre Patrick Kanner jugeant qu'"une centaine" de quartiers français présentaient des "similitudes" avec le quartier bruxellois de Molenbeek réputé être un fief jihadiste, tout en jugeant "difficiles" les "comparaisons".

la rédaction avec AFP