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Burkini à Grenoble: l'association Alliance Citoyenne publie une tribune contre les "injonctions vestimentaires"

Des membres de "l'Alliance Citoyenne" manifestent devant la piscine Jean Bron, le 30 juin 2019, pour défendre leurs droits de venir nager en burkini

Des membres de "l'Alliance Citoyenne" manifestent devant la piscine Jean Bron, le 30 juin 2019, pour défendre leurs droits de venir nager en burkini - JEAN-PIERRE CLATOT © 2019 AFP

Le conseil municipal de Grenoble doit se prononcer dans les jours à venir sur une modification du règlement des piscines de la ville, qui autoriserait implicitement le port du burkini. L'association, réputée proche du maire Eric Piolle, appelle d'autres villes à "reproduire" l'initiative.

Nouvel épisode dans la saga du burkini à Grenoble. À quelques jours de leur possible autorisation dans les piscines municipales de la ville, l'association Alliance Citoyenne, particulièrement mobilisée sur ce sujet, publie ce jeudi dans Mediapart une tribune afin d'appeler à "un été sans injonction vestimentaire discriminante".

Ce collectif, regroupant divers syndicats, s'est fait connaître en 2019 lorsque plusieurs de ses membres se sont introduits dans une piscine grenobloise pour se baigner en burkini et protester ainsi contre son interdiction. D'autres actions du même type avaient ensuite été menées. Alliance Citoyenne est par ailleurs réputée pour être proche du maire de Grenoble, Éric Piolle, comme l'indique une enquête du Parisien.

Dans la tribune, également signée par une centaine de personnes, dont des élues écologistes, Alliance Citoyenne dénonce dans un premier temps les remarques que subissent les femmes "sur leur tenue, quelle qu'elle soit". Une façon de mettre en avant un "système sexiste d'injonctions" qui "règne aussi dans les piscines, où les femmes n’ont que deux choix de maillot: un maillot une pièce ou un bikini."

"Il est grand temps de laisser les femmes choisir", plaide le texte, qui rappele que "la liberté vestimentaire n'est limitée par la loi ou un règlement que dans le cas où la tenue provoquerait un trouble à l'ordre public." Avant de questionner : "Est-ce le cas pour une femme avec un haut de surf à la piscine? Songerait-on à l’exclure du bassin pour ce motif?"

D'après l'association, les femmes musulmanes sont victimes d'une double discrimination.

"Non seulement elles subissent le sexisme de ne pas avoir une tenue de bain considérée comme assez "féminine" (...) mais en plus, elles sont exclues des espaces de baignade réglementés comme les piscines municipales."

Une injustice selon la tribune, d'autant plus que "la piscine est un service public censé être accessible" à toutes et à tous.

Le conseil municipal doit se prononcer lundi

La publication de ce texte intervient avant une réunion du conseil municipal, qui doit examiner ce lundi une modification du règlement intérieur des piscines de la ville, dont l'adoption conduirait à autoriser implicitement le port du burkini dans ces établissements.

Selon Éric Piolle, il ne s'agit que "d'assurer l'égalité d'accès aux services publics, et la liberté de se vêtir ou se dévêtir, dans le respect de l'hygiène et de la sécurité".

Le règlement des piscines devrait être "juste un progrès social pour que les femmes puissent venir se baigner les seins nus comme les hommes et pour que les maillots couvrants pour se protéger du soleil soient autorisés, et pour que les burkinis soient autorisés aussi", a-t-il expliqué dans une vidéo sur Twitter.

De quoi s'attirer les foudres de l'opposition et de Laurent Wauquiez qui menace de couper les subventions accordées à Grenoble par la région Auvergne-Rhône-Alpes qu'il préside.

Avant même le vote du conseil municipal de Grenoble, les signataires de la tribune appellent pour leur part d'autres villes à "reproduire" cette initiative, "pour que l’été 2022 soit placé sous le signe des droits des femmes".

Baptiste Farge