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Logement

Paris : un immeuble "réquisitionné" pour des mal-logés

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Un immeuble désaffecté du nord-est parisien a été "réquisitionné" par les associations qui veulent en faire un nouveau lieu symbolique du mal-logement.

Un immeuble désaffecté du nord-est parisien a été "réquisitionné" par Droit au logement (DAL) et Jeudi Noir, qui veulent en faire un nouveau lieu symbolique du mal-logement, à l'instar de leur squat de plusieurs années rue de la Banque, près de la Bourse.

À la différence de la maternité désaffectée occupée la semaine dernière, cet immeuble est "utilisable immédiatement" comme hébergement, affirment ces deux associations, souhaitant que le bâtiment soit rapidement converti en logements.

Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole du DAL, a demandé lundi que "le gouvernement réquisitionne ce logement".

Vide depuis deux ans

Une soixantaine de personnes sans logement se sont installées depuis le 29 décembre dans les 2.000 m2 de ce bâtiment en briques de trois étages. Situé entre les gares du Nord et de l'Est, il est vide depuis deux ans, selon Simon du DAL : "Il appartient à une société hollandaise basée au Luxembourg". Jusqu'en 2010, il abritait les bureaux d'une chaîne d'horlogerie-bijouterie.

Outre des mal-logés, les militants entendent y installer des associations et des artistes, comme ce qui avait été fait de fin 2006 à 2011 dans un immeuble rue de la Banque, dans le centre de la capitale. Evacué volontairement en octobre 2011, ce bâtiment est en travaux pour être transformé en logements sociaux.

L'occupation actuelle est destinée à "rappeler aux propriétaires qu'il est indécent de laisser des logements" vides en cette période, a dit Jean-Baptiste Eyraud.

Selon lui, la police ne devrait pas intervenir rapidement pour les déloger, puisque les squatteurs disent occuper le lieu depuis plus de 48 heures, délai qui oblige le propriétaire à entamer une éventuelle procédure judiciaire, souvent longue, pour récupérer son bien.

Des élus sur place

Au total, "14 familles hébergées depuis des années dans des hôtels ou en logement indécent surpeuplé, dont 24 enfants et adolescents" occupent le bâtiment, selon le DAL et Jeudi noir.

Parmi elles, des personnes handicapées, des prioritaires Dalo (droit au logement opposable), des demandeurs de logements sociaux et des jeunes actifs précaires.

Des élus étaient présents sur place, comme le maire PS du Xème arrondissement Rémi Féraud, "en visite de soutien", ou le député européen EELV Yannick Jadot, qui a jugé que la ministre du Logement Cécile Duflot, qui se rendra sur place jeudi prochain, faisait "son travail dans un contexte difficile. On sait que ce n'est pas ce gouvernement qui est à l'origine de cette situation mais il a les instruments" pour y remédier.

Les familles ont installé matelas et affaires personnelles dans les pièces de l'immeuble bien chauffées, équipées de moquette, avec sanitaires et cuisine commune.

Répit

Pour Nouzah Lacombe, cette installation offre une pause bienvenue, après un défilé d'hôtels où cette quadragénaire a été contrainte de trouver refuge avec ses trois enfants de 10 à 17 ans. Expulsée de son logement après une séparation, elle dit être "prioritaire Dalo" depuis 2008, mais l'Etat, qui a obligation de la reloger, ne lui a fait aucune proposition.

Même impasse pour Fariza Taleb, hébergée avec son mari et ses trois garçons de 4 à 9 ans "dans une chambre de 9 m2" chez ses parents. "On demande un logement social depuis 2004", explique-t-elle, savourant le "répit" que constitue ce squat.

Le gouvernement a lancé depuis octobre des procédures de réquisition de logements vides pour accueillir des sans-abri, mais elles ne pourront aboutir avant la fin de l'hiver.

Karima Delli, députée européenne EE-LV