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Logement

La France compte 570 bidonvilles, où les expulsions se multiplient

Un bidonville rom à La Courneuve, au nord de Paris, le 14 août 2015

Un bidonville rom à La Courneuve, au nord de Paris, le 14 août 2015 - KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Près de 16.000 personnes ont été recensées dans des campements illicites et des squats cette année. Selon un dernier relevé, plus de 570 bidonvilles ont été dénombrés sur le territoire français. À moins de deux semaines de la trêve hivernale, les évacuations s'accélèrent.

Le 1er novembre marquera l'arrêt des expulsions pour les locataires, jusqu'au printemps prochain. Pour la première fois, les bidonvilles bénéficieront également de la trêve hivernale, grâce à loi Égalité et citoyenneté adoptée le 27 janvier dernier. Mais d'ici là, c'est la course aux évacuations, alerte le collectif Romeurope.

"Depuis début juillet, plus de 4.600 personnes, dont de nombreux enfants", ont été expulsées "du bidonville ou squat où ils vivaient, soit près de 50 personnes par jour", indique le CNDH Romeurope dans un communiqué. Parmi ces expulsés, "une moitié à peine a bénéficié de quelques nuits d'hôtel avant de se réinstaller un peu plus loin", déplore Manon Fillonneau, déléguée générale de Romeurope, citée par Le Monde ce jeudi.

"On devrait se demander pourquoi, avec une évacuation tous les trois jours en moyenne depuis quelques années dans ce pays, et une par jour en ce moment, on a toujours le même nombre d’habitants en bidonvilles", s'interroge-t-elle.

Plus de 570 bidonvilles en France

Alors que la France compte 571 bidonvilles, selon le relevé d'avril 2017 de la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal), le sujet ne parvient toujours pas à intéresser, souligne le quotidien du soir.

Ce sont pourtant bien 16.000 personnes, dont 36% de mineurs, qui ont été recensées dans des campements illicites, grands squats et bidonvilles cette année. Mais rien n'y fait. "On vit en France sur le mythe que les bidonvilles ont disparu. C'est faux!", estime Yvan Gastaut, de l'université Nice-Sophia-Antipolis.

"D'abord, il faut un élément déclencheur pour que la société civile s'émeuve. Ensuite, le politique s'en saisit et éradique cet habitat précaire, en faisant croire que le problème est définitivement réglé... Exactement de la même manière qu'il a vidé la 'jungle' de Calais fin 2016", explique l'historien au journal Le Monde.

"Faire du chiffre"

Des familles entières sont concernées par ces expulsions des campements illégaux. Or, l'évaluation des situations des familles, préconisée jusqu'alors avant une évacuation, "n'est plus à l'ordre du jour", regrette Manon Fillonneau, toujours dans Le Monde.

"Détruire les habitats précaires sans solution ambitieuses, adaptées et stables n’a fait que développer l’exclusion, la précarité. Le paradoxe est que le nombre de bidonvilles et squats ne diminue pas et semble au contraire entretenu par ces décisions irrationnelles", ajoute le CNCH dans son communiqué.

"Au lieu d’élaborer des solutions dignes et pérennes pour les femmes, hommes et enfants contraints de vivre en bidonville et en squat en France, les pouvoirs publics semblent encore avoir choisi la facilité en préférant 'faire du chiffre' avant le 1er novembre", estime le collectif.

J.P.