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Société

Les propos de Macron sur le "réarmement démographique" font un tollé à gauche et chez des associations féministes

Emmanuel Macron le 16 janvier 2024 en conférence de presse à l'Élysée

Emmanuel Macron le 16 janvier 2024 en conférence de presse à l'Élysée - LUDOVIC MARIN / AFP

Emmanuel Macron a annoncé mardi un "grand plan de lutte" contre l'infertilité et le remplacement du congé parental par un "congé de naissance" pour engager un "réarmement démographique". Des associations féministes et des élus de gauche dénoncent des "injonctions natalistes" et une instrumentalisation du corps des femmes.

"Laissez nos utérus en paix", "malaise", "injonctions natalistes": les propos d'Emmanuel Macron, qui a appelé mardi à un "réarmement démographique", suscitent un tollé dans les rangs féministes et de la gauche qui y voient une tentative de contrôler le corps des femmes.

Face à la hausse de l'infertilité - problème qu'il a qualifié de "tabou du siècle" - le chef de l'Etat a annoncé qu'"un grand plan de lutte contre ce fléau serait engagé pour permettre" un "réarmement démographique".

Afin de relancer une natalité en berne, il a également annoncé la création d'un "congé de naissance" pour remplacer le congé parental actuel, peu rémunéré et de moins en moins utilisé.

Une "politique nataliste"

"La mise en place de politiques natalistes, profondément contraires à l'autonomie des femmes, constitue une régression politique et sociale préoccupante", a réagi mercredi la Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF), exprimant sa "vive inquiétude".

"Laissez nos utérus en paix", a lancé de son côté la présidente de la Fondation des femmes Anne-Cécile Mailfert sur son compte X (ex-Twitter).

Des "injonctions natalistes"

A gauche, l'appel du chef de l'Etat a également fait grincer des dents de nombreux élus sur le réseau social. "'Réarmement démographique'? Le corps des femmes n'est pas une arme... tous ces concepts fumeux sont inquiétants", a estimé le député LFI Alexis Corbière.

La cheffe des écologistes Marine Tondelier a exprimé pour sa part son "malaise" et dressé un parallèle avec le livre "La Servante écarlate" de Margaret Atwood, roman d'anticipation décrivant un régime totalitaire où les femmes sont asservies. Quant à Arthur Delaporte, porte-parole du groupe PS à l'Assemblée nationale, il a dénoncé des "injonctions natalistes".

Le nombre de naissances en baisse

A l'inverse, le Rassemblement national (RN) a salué la prise en compte de la question de la natalité tout en se montrant prudent quant aux modalités des annonces d'Emmanuel Macron.

"La natalité, là c'est alerte rouge" en termes de nombre de naissances, a déclaré le porte-parole du parti d'extrême-droite Philippe Ballard sur franceinfo. Or "un pays qui fait des bébés croit en lui, en l'avenir, ce qui n'est plus le cas à l'heure actuelle".

Quelque 3,3 millions de Français seraient aujourd'hui directement touchés par la question de l'infertilité. Le nombre de naissances a quant à lui reculé de 6,6% en France en 2023, passant sous la barre symbolique des 700.000 pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

S.C avec AFP