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Société

Le deuil national, une décision rarissime en France

Le drapeau tricolore en berne dans la cour de l'Elysée, le 3 janvier 2005. (photo d'illustration)

Le drapeau tricolore en berne dans la cour de l'Elysée, le 3 janvier 2005. (photo d'illustration) - Patrick Kovarik - AFP

Le président de la République François Hollande a décrété une journée de deuil national jeudi 8 janvier en France, après l'attaque sanglante qui a visé l'hebdomadaire Charlie Hebdo ce mercredi. Une décision rarissime.

La dernière fois, c'était en septembre 2001. Le deuil national annoncé ce mercredi soir par le président François Hollande, après l'attentat meurtrier perpétré contre le journal Charlie Hebdo, est une décision rarissime en France. C'est en effet la cinquième fois seulement qu'une telle mesure est décrétée sous la Ve République, autrement dit depuis 1958.

Mise en berne des drapeaux

Durant le deuil national, les drapeaux sont mis en berne et hissés à mi-mât sur les édifices publics, tandis que les administrations et les écoles peuvent être fermées. Cette décision, prise par décret signé par le chef de l'Etat, sera publiée jeudi au Journal officiel.

Un deuil national peut être accompagné d'obsèques nationales, notamment lorsqu'il s'agit du décès de personnes héroïques ou de personnalités ayant exercé un rôle moral, politique ou social important dans le pays.

Minute de silence dans les écoles

François Hollande a précisé, mercredi, les modalités du deuil national: "Il y aura à 12 heures un moment de recueillement dans tous les services publics et j'invite toute la population à s'y associer", précisant que "les drapeaux seront en berne trois jours". 

De son côté, le ministère de l'Education nationale a spécifié les mesures prises dans les écoles et établissements scolaires français, dans un communiqué publié mercredi après-midi: "Conformément à la volonté du président de la République, la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche demande à l’ensemble des personnels, ainsi qu’à l’ensemble des élèves et étudiants de respecter, jeudi 8 janvier à midi, une minute de silence en hommage aux victimes de l’attentat survenu ce 7 janvier à Paris. Les drapeaux seront mis en berne sur l’ensemble des établissements relevant du ministère durant 3 jours."

Quatre deuils nationaux par le passé

Le dernier deuil national en France remonte au 14 septembre 2001, trois jours après les attentats aux États-Unis. Ce deuil avait été observé dans toute l'Union européenne, qui avait demandé à ses Etats membres d'observer trois minutes de silence. Toute activité avait été suspendue à midi: drapeaux en berne, églises sonnant le glas, métros à l'arrêt, programmes de télévision interrompus et rassemblements sur des places publiques.

Le 12 novembre 1970, un deuil national avait été décrété en hommage au général de Gaulle, décédé trois jours plus tôt, un an et demi après sa démission. Toutes les administrations publiques et établissements d'enseignement avaient été fermés, les réjouissances publiques et manifestations sportives reportées, ainsi que les audiences dans les tribunaux. La Bourse, les cinémas et théâtres étaient restés fermés.

Quatre ans plus tard, le 2 avril 1974, Georges Pompidou décédait au cours de son mandat. Le 6 était décrété journée de deuil national. Selon les dernières volontés du président, toutes les administrations, à l'exception des services d'urgence, étaient fermées, ainsi que les établissements d'enseignement et les salles de spectacle. Les manifestations sportives étaient annulées.

Après le décès de François Mitterrand, le 8 janvier 1996 - huit mois après son départ de l'Élysée -, une journée de deuil avait été décrétée le 11, jour des obsèques. Les drapeaux étaient en berne et un "moment de recueillement" avait été observé dans les services publics à l'heure des funérailles à Jarnac (Charentes), dans sa ville natale. En revanche, ce deuil national n'avait pas entraîné la fermeture des services publics, ni des écoles. Les compétitions sportives avaient été maintenues, à la demande de la famille du président défunt.

A.S. avec AFP