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Huit jours, trois semaines, un mois... Quelle est la durée idéale des vacances?

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Photo d'illustration. - GAIZKA IROZ / AFP

Certaines études tablent sur une durée de repos adéquate de 8 à 11 jours quand d'autres spécialistes prônent trois semaines ou plus de vacances estivales.

Dès ce vendredi débute le fameux chassé-croisé des vacances estivales: les juillettistes repartent au bureau des souvenirs plein la tête, et les aoûtiens, fatigués, se réjouissent de bientôt se délecter sur la plage. En mai dernier, 68% des Français prévoyaient de partir une à deux semaines en vacances cet été, selon le baromètre Sofinoscope, affilié au Crédit Agricole. Mais quelle est la durée de repos idéale?

Une étude réalisée en 2012 par des scientifiques de l’université Radboud de Nimègue aux Pays-Bas décrète que sur 23 jours de vacances en moyenne, les niveaux de santé et de bien-être s'améliorent rapidement, avec un pic au huitième jour et une stabilisation ensuite. Ils notent aussi que dès le premier jour de la reprise du travail, les effets positifs des vacances se sont estompés...

"On dit qu'il faut entre 8 et 11 jours consécutifs pour vraiment déconnecter. [...] Pour ma part, je dirais que l'été, c'est bien de prendre entre 10 et 12 jours de repos", déclare Florent Bouër, formateur, conférencier et auteur, spécialisé dans la gestion du temps et l'équilibre de la vie personnelle, à BFMTV.com.

Une coupure de trois semaines

Tous les spécialistes ne sont pas de cet avis: certains prônent plus de deux semaines de repos.

"Pour ceux qui ont la possibilité de choisir, une durée de trois semaines permettrait à tout à chacun d'arriver à déconnecter de la situation professionnelle", observe Sébastien Hof, psychologue du travail, contacté par BFMTV.com.

Lors de la première semaine, le travail serait toujours présent dans les esprits, à la deuxième, on commencerait "à prendre ses distances". Quant à la troisième, on serait "libéré". "Pour ceux qui peuvent partir plus longtemps, le bénéfice à la déconnexion est encore plus important", ajoute-t-il tout en soulignant que les travailleurs n'ont pas toujours le choix quant à la durée et la période de leur congé.

Pour les adeptes des longs repos, le retour au bureau peut toutefois s'avérer compliqué, avec des "pertes de repères". "Parfois, certains ne se rappellent même plus de leurs codes informatiques", plaisante le psychologue. "Les premières heures peuvent être difficiles, mais ça revient vite, au bout de deux ou trois jours maximum."

Cette période de réadaptation pourrait même être bénéfique et être le signe d'une réelle déconnexion. Les travailleurs pourraient se montrer plus assidus, plus productifs, voir plus "créatifs car ils reviennent avec un œil neuf", détaille-t-il.

Elle peut aussi être contre productive si le retour des vacances s'apparente "à un ciel qui nous tombe sur la tête", image Florent Bouër, avec "1000 mails et tout un tas de tâche à faire à la maison".

"Il ne faut pas que de trop longues vacances génèrent un retard qui soit pesant", analyse-t-il.

Coupure estivale ou congés fréquents ?

Prendre des vacances conséquentes durant l'été implique aussi de réduire les autres congés au cours de l'année. Les avis divergent sur l'équilibre adéquat à adopter.

Une rupture estivale présenterait physiologiquement des bienfaits indéniables, indique Gaëlle Quarck, maîtresse de conférences à l’Université de Caen Basse-Normandie et neuroscientifique spécialiste en chronobiologie à nos confrères de 20 Minutes. On fait le plein de vitamines D, on vit en extérieur, on bouge davantage... Elle ajoute:

"Les petites coupures sont intéressantes pour réduire l’anxiété, mais pas d’un point de vue chronobiologique. D’autant plus si on décale ses rythmes habituels et qu’on déstructure son sommeil".

La clé est surtout d'éviter d'être épuisé le soir -tant attendu- de son départ. "Beaucoup de personnes ont un rythme désordonné toute l'année. Or, il ne faut pas voir les vacances comme une sortie de tunnel parce qu'on en peut plus. Il ne faut pas attendre les vacances pour avoir des temps de repos et travailler sur ses habitudes de vie", affirme Florent Bouër, auteur du Manuel du fainéant ambitieux (éd. Marabout).

Une famille en vacances au Lac du Lou, près de Val Thorens dans les Alpes, le 8 août 2018
Une famille en vacances au Lac du Lou, près de Val Thorens dans les Alpes, le 8 août 2018 © PHILIPPE DESMAZES © 2019 AFP

Étant donné que l'être humain "aime les rythmes constants", l'expert en gestion du temps recommande de bien répartir ses congés au cours de l'année, ou de régulièrement prendre des week-ends prolongés. "Et d'instaurer des temps de repos quotidiens, même de 15 minutes, ou hebdomadaires", martèle-t-il.

Le bienfait des congés dépend aussi, et surtout, de ce que l'on en fait. Si le droit à la déconnexion est essentiel, les vacances, vues comme une retraite, "un moment de recul qui permet de revenir les batteries pleines", doivent aussi être l'opportunité de casser les habitudes. De faire de nouvelles activités ou ce dont on n'a pas le temps l'année.

"Les conditions des vacances sont aussi importantes que la durée", conclut Florent Bouër.

Et quid des enfants ?

Chaque année, les fameuses grandes vacances scolaires font l'objet de discussions. Un débat qu'Emmanuel Macron a d'ailleurs annoncé vouloir rouvrir officiellement, en juin dernier, pointant une "destruction de l'apprentissage collectif" et les "inégalités" que ces huit semaines créent.

Pour François Testu, président de l'Observatoire des rythmes et des temps de vie des enfants et des jeunes, il ne faut pas y toucher. "Elles permettent de souffler, de voir d'autres horizons pour certains, de changer d'activité, de se recharger ou encore de retrouver une vie familiale", explique celui qui est aussi professeur émérite à l'université de Tours.

Il est surtout important de garder une alternance "constante" entre temps de repos et temps scolaire. Avec "7 à 8 semaines de travail, alternées à 2 deux semaines de vacances au cours de l'année et une grosse coupure au moment de l'été."

Il faudrait aussi, selon lui, adapter les temps de repos à l'âge des enfants. "À trois ans, on a davantage besoin de vacances qu'à 12 ans" constate-t-il. Quoi qu'il en soit, pour les petits comme pour les grands, le temps de repos est primordial et ne doit pas être négligé.

Juliette Brossault