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Hijab dans le football: Gérald Darmanin s'inquiète des "coups de boutoir contre la République"

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin à Versailles, le 31 mars 2023.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin à Versailles, le 31 mars 2023. - LUDOVIC MARIN / POOL / AFP

À quelques jours de la décision du Conseil d'État sur la possibilité de porter le voile lors d'un match de football, le ministre de l'Intérieur s'y dit "très opposé" et s'inquiète d'un "coup de canif très fort contre le pacte républicain si le Conseil d'État le permettait".

Pour Gérald Darmanin, c'est non. Le Conseil d'État doit se prononcer d'ici la mi-juillet sur la possibilité, pour l'instant interdite, de porter le voile sur les terrains de football. Le rapporteur public de l'institution s'est prononcé pour son autorisation.

"Les terrains de sport sont sûrement les derniers endroits où la neutralité religieuse, politique, syndicale est quasi parfaite. On n'a pas besoin de rediviser lorsqu'il s'agit d'associations communautaristes (...) qui donnent des coups de boutoir contre la République", s'est agacé le ministre de l'Intérieur ce mardi sur RTL.

Les "hijabeuses" à l'avant-poste

L'institution s'est penchée lundi sur la requête de plusieurs associations qui veulent rendre possible le port du voile sur les terrains de football dans le cadre des compétitions sportives.

C'est notamment le collectif les "hijabeuses" qui a porté ce recours. Ce mouvement a fait l'objet d'un vif bras de fer à l'hiver 2022 entre la majorité présidentielle et la gauche. L'un de leurs rassemblement avait d'ailleurs été interdit par la préfecture de police de Paris.

La fédération française de football (FFF) s'oppose, elle, vivement, à toute évolution. L'article premier de son règlement interdit "tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale".

"Un coup de canif très fort contre le pacte républicain"

Le rapporteur public, dont l'avis est très souvent suivi par les juges du Conseil d'État, s'est prononcé contre le positionnement de la FFF. Pour lui, les joueurs et les joueuses de football à jour de cotisation ne peuvent pas être soumis au principe de neutralité, n'étant pas "des agents de service public" qui, eux, doivent respecter ce principe.

Si la neutralité s'applique bien aux salariés de la fédération, aux arbitres et aux joueurs de l'équipe nationale, elle ne peut pas s'appliquer aux licenciés, a encore jugé le rapporteur, les considérant comme de simples "usagers de service public".

"On n'a pas à porter de vêtements religieux quand on fait du sport. Donc j'y suis très opposé et ce serait un coup de canif très fort contre le pacte républicain si le Conseil d'État le permettait", lui a opposé Gérald Darmanin.

Le gouvernement avait dit non au Sénat sur l'interdiction du voile sur les terrains

Le rapporteur public a de son côté évoqué les décisions à géométrie variable de la FFF, citant notamment le cas "de nombreux joueurs arborant des tatouages explicites". "Certains font des gestes de prière au moment d’entrer sur le terrain ou quand ils marquent un but", a encore-t-il encore souligné.

En janvier dernier, les sénateurs LR avaient défendu l'interdiction du "port du voile" dans les compétitions sportives. Ces amendements avaient à l'époque été rétoqués à l'Assemblée nationale.

Marie-Pierre Bourgeois