Taxis contre VTC: le ton monte

Si les taxis sont en grève et conduisent des opérations escargot partout en France mercredi, c'est avant tout pour dénoncer la "concurrence déloyale" selon eux, des VTC. Entre les deux professions, le ton est monté et on déplorait déjà quelques incidents mineurs à la mi-journée.

La tension est montée en flèche mercredi entre les taxis et les VTC accusés par les premiers de concurrence déloyale. Un échange musclé capté par Europe 1 en rendait compte ce mercredi matin. "Tu sais pas qu'il y a une grève aujourd'hui? Tu veux qu'on casse ta voiture?", grogne un chauffeur de taxi à un concurrent VTC. "On est nerveux, on crève la dalle", lance un deuxième. Et de conclure l'altercation par: "Dégage, tu t'en vas d'ici".

>> Suivre l'évolution de la situation en direct

Taxis : "on crève à cause de mecs comme toi" par Europe1fr

Aux abords des lieux où se cristallisait la contestation, comme les aéroports, la tension était palpable. Un journaliste de 20 minutes rapporte un "coup de pied dans le rétro et pression pour partir" de la part d'un taxi contre un VTC".

Déjà un incident entre des taxis et un #VTC au terminal 2 de l'aéroport de #Nice06. Coup de pied dans le retro et pressions pour partir
— Jean-Alexis (@JA_GL) June 11, 2014

Les syndicats en retrait sur cette action

Contrairement au mouvement ferroviaire où les syndicats de cheminots ont appelé à la grève, les fédérations patronales étaient ici à la manoeuvre.

L'intersyndicale avait pourtant été à l'origine d'une série d'actions menées en début d'année pour protester contre le développement des VTC. Nous n'appelons pas à cette grève, les centres radio (de réservation de taxis) veulent récupérer ce mouvement du 11 juin", fait valoir Nordine Dahmane, secrétaire général de FO-UNCP taxis, pour expliquer cette décision.

Un rapport commandé par le gouvernement et présenté fin avril devait permettre d'apaiser les relations entre taxis et VTC. Mais les tensions restent vives alors qu'une proposition de loi devrait être déposée la semaine prochaine.

Ce rapport "va dans la bonne direction, mais il s'est arrêté en chemin", juge Yann Ricordel, directeur général de la radio-taxi Les taxis bleus. Pour lui, il faut veiller à "établir un niveau de charges équivalent entre les taxis et les VTC" et régler la question du stationnement des VTC sur la voie publique dans l'attente de clients.

Prendre des clients à la volée relève en effet du privilège des taxis, qui disposent pour cela d'une licence, quand les VTC ne peuvent travailler que sur réservation.

Les VTC s'agacent et ne comprennent pas

"L'inquiétude des taxis est compréhensible", estime Yan Hascoet, PDG de la société Chauffeur privé, qui rejette toutefois tout amalgame entre "les nouvelles sociétés de VTC qui opèrent dans le plus parfait respect de la loi, et celles qui s'en affranchissent librement".

Pour Dave Ashton, cofondateur de Snapcar, elle est d'autant plus incompréhensible au niveau français que "le rapport Thévenoud est favorable aux taxis".

Le mouvement de protestation est parti de Grande-Bretagne où les célèbres taxis noirs, qui travaillent pourtant à côté des VTC depuis des dizaines d'années, s'inquiètent du poids croissant pris par la société californienne.

D'autres observateurs pointent, en creux, un formidable coup de publicité pour les VTC. La société américaine Uber semble avoir trouver un moyen de mettre à profit cette grogne en grande partie dirigée à son encontre, en proposant dès mardi soir une promotion: "50% de réduction sur toutes les courses partagées lors de la grève des taxis demain, à Paris et à Lyon!"

50% de réduction sur toutes les courses partagées lors de la grève des taxis demain, à Paris et à Lyon ! #PARISBOUGE http://t.co/5gBcTPhoMY
— Uber Paris (@Uber_Paris) 10 Juin 2014

D. N. et AFP