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Grève contre la réforme du collège: une mobilisation en demi-teinte

La mobilisation des enseignants contre la réforme du collège n'a pas atteint des sommets.

La mobilisation des enseignants contre la réforme du collège n'a pas atteint des sommets. - Kenzo Tribouillard - AFP

Le ministère de l’Education nationale a chiffré à 27,6% le taux de grévistes dans le public, mardi, contre la réforme du collège, alors que le syndicat majoritaire Snes l’estime pour sa part à 50%. Un taux de mobilisation à relativiser par rapport à ceux des grandes grèves qui ont secoué l’Education nationale.

Malgré la grogne, la ministre de l'Education nationale accélère. Le décret concrétisant la réforme du collège - très critiquée à droite et par une partie des enseignants - portée par Najat Vallaud-Belkacem a été publié au Journal officiel ce mercredi. Immédiatement, ses opposants ont dénoncé un "passage en force" du gouvernement et une "provocation" après la grève des enseignants mardi. 

Le bilan de la grève, la première qu'a dû affronter Najat Vallaud-Belkacem, est pourtant mitigé. Selon le ministère de l'Education, un gros quart des professeurs des collèges publics (27,61%) ont répondu à l'appel d'une intersyndicale de sept organisations, alors que le Snes, principal syndicat du secondaire, annonçait "plus de 50%" de participation.

Quant aux manifestations, elles ont regroupé quelque 3.500 manifestants à Paris selon la préfecture ("plus de 10.000" selon le Snes), 1.400 personnes à Lyon, un millier à Lille, 600 à Toulouse ou 500 à Bordeaux, selon la police.

Une mobilisation dans la moyenne de ces 15 dernières années

Des chiffres qui en font une mobilisation en demi-teinte. Selon Libération, qui a compilé les taux de grévist4es annoncés par le ministère de l'Education nationale sur ces 15 dernières années, la grève de mardi est en effet dans la moyenne des mouvements observés sur cette période. Les 27,61% enregistrés mardi sont par exemple bien au-dessus de la dernière grève enseignante en date, le 3 février 2015, pour les conditions de travail, la formation et la revalorisation des salaires (8,78% d'enseignants grévistes, 7,54% tous personnels confondus).

Mais sur les 14 grèves compilées sur cette période, trois mobilisations se sont révélées d'une ampleur bien plus importante que celle contre le projet de réforme de Najat Vallaud-Belkacem. Le 12 février 2013, le taux de grévistes contre les rythmes scolaires avait ainsi atteint 36,8% au niveau national. Ce qui avait valu à Vincent Peillon, alors ministre de l'Education, d'être remercié lors du remaniement d'avril 2014.

La mobilisation contre les restrictions budgétaires et la tentative de réforme du bac de François Fillon, le 20 janvier 2005, avait réuni, elle, 41% de grévistes. Une levée de boucliers qui avait d'ailleurs contraint le locataire de la Rue de Grenelle à annuler sa réforme.

Mais surtout, la mobilisation de mardi est très loin derrière le soulèvement contre la réforme des lycées voulue par Claude Allègre, le 16 mars 1999, rappelle L'Opinion, avec 60% des professeurs en grève. La colère était telle que celui qui voulait "dégraisser le mammouth" avait fini par démissionner en 2000.

Tendance à moins faire grève lorsque la gauche est au pouvoir

Alors comment expliquer cette mobilisation moyenne, en dépit des inquiétudes bien réelles des professeurs? La politisation du débat pourrait avoir découragé certains professeurs, refusant d'être associés au discours de la droite, analyse L'Opinion

De façon générale, les profs ont d'ailleurs tendance à moins faire grève lorsque la gauche est au pouvoir, selon l'historien Laurent Frajerman. "C’est une constante", assurait-il au Monde en février dernier, "quand la gauche est au pouvoir, les enseignants se mobilisent moins".

L'une des explications serait que "les enseignants votent majoritairement à gauche". Mais aussi parce que "le gouvernement a pris des engagements forts en faveur de l’école (notamment avec les 60.000 postes supplémentaires dans l'Education nationale promis par le candidat Hollande en 2012, Ndlr), les enseignants lui ont laissé le temps de les mettre en pratique. L’expectative a jusqu’à présent dominé".

V.R.