BFMTV
Société

Grasse: des gâteaux jugés "racistes" vendus en boulangerie

"Dieux" et "Déesses", des pâtisseries vendues dans une boulangerie de Grasse, ont provoqué la colère du Cran.

"Dieux" et "Déesses", des pâtisseries vendues dans une boulangerie de Grasse, ont provoqué la colère du Cran. - Conseil représentatif des associations noires (Cran)

Le Conseil représentatif des associations noires a dénoncé la vente, dans une boulangerie-pâtisserie de Grasse, de gâteaux "racistes", qu'il considère comme des "caricatures négrières". De son côté, la boulangerie se défend de tout racisme.

Les pâtisseries ont suscité la colère du Cran, le Conseil représentatif des associations noires. L'instance a dénoncé, dans un communiqué diffusé lundi, la vente, dans une boulangerie de Grasse, dans les Alpes-Maritimes, de pâtisseries "qui puisent dans la vieille tradition du racisme colonial".

"Caricatures négrières"

"Aux délices de Grasse", le nom de cette boulangerie, propose, parmi les gâteaux exposés dans sa vitrine, "Dieux" et "Déesses" -c'est leur nom- deux pâtisseries représentant des personnages nus et bien en chair, enrobés de chocolat noir, et ornés d'un glaçage rose au niveau des organes génitaux et des lèvres, selon les photos diffusées par le Cran sur son site internet. La version masculine du gâteau est, en outre, affublée d'un sexe gigantesque.

Des "caricatures négrières, obscènes et injurieuses", dénonce le Cran, pour qui ces gâteaux vont "au-delà même des traditionnelles 'têtes de nègres'" et "s'inspirent des fantasmes coloniaux concernant les Noirs (regards ahuris, bouches surdimensionnées, nudité obligée, organes sexuels protubérants)". Pour le président du Cran, Louis-Georges Tin, "c'est un peu la vision de Tintin au Congo, l'obscénité en plus".

"La seule chose qu'on leur reproche, c'est d'être en chocolat noir"

De son côté, Yannick Tavolaro, qui tient la boulangerie "Aux délices de Grasse", affirme au Parisien ne pas comprendre "ni pourquoi ni comment est née cette controverse". "Ce n'est pas nouveau, je fais ces pâtisseries depuis quinze ans et il y en a dans mes trois magasins", s'est-il défendu.

"La seule chose qu'on leur reproche (aux gâteaux, NDLR), c'est d'être en chocolat noir. S'ils étaient blancs, personne ne s'en offusquerait", poursuit-il, avant de reconnaître toutefois que la pâtisserie dont s'inspirent ces "Dieux" et "Déesses" s'appelait "négresse".

"Toutes les pâtisseries sont faites selon la tradition. Mais on a changé le nom initial car je ne peux pas tolérer le racisme", assure Yannick Tavolaro, précisant qu'il n'a aucune intention de retirer les gâteaux à l'origine de la polémique de sa vitrine, malgré la demande de retrait immédiat formulée par le Cran. L'association a par ailleurs appelé le maire de Grassen Jérôme Viaud, à prendre position sur la question, et "se réserve le droit de porter plainte pour incitation à la haine raciale".

L'affaire n'est pas sans rappeler une autre polémique pâtissière. En septembre dernier, une chocolaterie de la ville d'Auxerre avait dû renommer deux de ses spécialités, le "Négro" et le "Bamboula", après les protestations d'associations antiracistes, dont le Cran.

Adrienne Sigel