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Société

"Bamboula" et "négro": une chocolaterie d'Auxerre obligée de changer le nom de ses spécialités

Une chocolaterie auxerroise a dû changer le noms de deux de ses spécialités (illustration).

Une chocolaterie auxerroise a dû changer le noms de deux de ses spécialités (illustration). - Joe Raedle - Getty images - AFP

Une chocolaterie d'Auxerre a décidé de renommer deux de ses spécialités, le négro et le bamboula, à la demande de deux associations antiracistes. 

Les Auxerrois ne pourront bientôt plus commander un "négro" ni un "bamboula". Vendues depuis plusieurs années dans une chocolaterie de la ville d'Auxerre, ces deux spécialités ont suscité mardi les protestations de deux associations antiracistes, qui ont obtenu leur changement de nom.

Lundi, de nombreux internautes avaient saisi le Conseil Représentatif des Associations Noires de France (CRAN) et Sortir du Colonialisme à "propos d'un magasin très spécial à Auxerre".

Dans leur ligne de mire, deux produits vendus dans cette chocolaterie, et baptisés "négro" et "bamboula". Selon le CRAN, les deux chocolats étaient présentés sur le site de l'entreprise comme étant respectivement un "pain d'épices chocolaté fourré" et un "biscuit chocolaté".

 Face à la polémique, les responsables du magasin ont accepté de changer les noms des deux pâtisseries dès que possible, pour "calmer le jeu".

Spécialités vieilles d'un siècle

Le commerce avait expliqué lundi sur sa page Facebook qu'il s'agissait là de spécialités auxerroises vieilles d'un siècle. Elles avaient été conçues à l'époque pour "rendre hommage" à une danse africaine, mais aussi aux tirailleurs sénégalais blessés durant la guerre. Autrement dit, plaident les commerçants, il ne s'agit "en aucun cas une injure ou un autre qualificatif raciste".

Ces explications n'ont pas convaincu le CRAN et Sortir du Colonialisme, qui ont dénoncé mardi dans un communiqué "un revival de l'imagerie coloniale la plus nauséabonde", en exigeant que "la chocolaterie de la honte retire de la vente ces horreurs".

"Un succès fou"

La chocolaterie Féret a précisé qu'elle vendait le "négro" et le "bamboula" depuis 2009, et que les propriétaires précédents de la boutique avaient relancé ces spécialités une douzaine d'années auparavant.

"On a un succès fou. J'en expédie dans toute la France et je n'avais jamais eu de souci avant hier après-midi", a raconté Virginie Féret, qui évoque des "menaces" reçues par mail et par téléphone. Ainsi, "pour calmer le jeu", la chocolaterie va changer le nom de ses produits, dès que possible. Mardi, elle les avait déjà retirés de sa vitrine, craignant qu'on ne la brise.

Cette polémique rappelle les discussions sur le caractère raciste ou non de l'album Tintin au Congo, ou le retrait par Haribo de variétés de bonbons à la réglisse en Suède et au Danemark. Dans les années 1990, une variété de gâteaux, nommée Bamboula, était commercialisée par Saint-Michel. Depuis, elle a été retirée du commerce.

M. K. avec AFP