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GRAND ANGLE - Bernard Squarcini, la chute d’un grand flic

Bernard Squarcini, le 18 février 2014.

Bernard Squarcini, le 18 février 2014. - François Guillot - AFP

L'ancien patron du renseignement intérieur a été mis en examen jeudi. Désormais à la tête d’une société de conseil, il aurait à plusieurs reprises utilisé ses réseaux au profit de ses amis ou de ses clients, se faisant livrer des informations parfois très sensibles.

Il était le patron du renseignement intérieur. Un homme de pouvoir et de réseaux. Bernard Squarcini, 60 ans, dit "le Squale", a été mis en examen de sept chefs d’accusation dont trafic d’influence.

Nicolas Sarkozy le nomme à la tête de la DCRI lors de son arrivée à l’Elysée, en 2007. Ensemble, ils créent ce FBI à la française. Les bases de cette relation se nouent cinq ans plus tôt, lors de l’arrestation d’Yvan Colonna, l’assassin du préfet Claude Erignac. Nicolas Sarkozy est alors ministre de l’Intérieur, Bernard Squarcini chef du renseignement en Corse. Il mène la traque du nationaliste.

"Nicolas Sarkozy l’a fait grimper dans la hiérarchie"

"Nicolas Sarkozy l’a aspiré, l’a fait grimper dans la hiérarchie policière assez vite. Et dès lors, Bernard Squarcini va mettre une grande partie de ce service de renseignement au service de Nicolas Sarkozy", raconte Olivia Recasens, co-auteure de L’Espion du président.

En 2012, c’est François Hollande qui est élu président de la République. Bernard Squarcini est évincé. Il se lance alors dans le privé et créée Kyrnos, (l'île de beauté en grec), une entreprise de conseil en sécurité.

Mais ses liens avec Nicolas Sarkozy le poursuivent, Bernard Squarcini est placé sur écoute. En avril, dans le cadre de l’enquête sur le financement libyen de Nicolas Sarkozy en 2007, une perquisition est menée dans ses bureaux.

Des rapports secret-défense découverts dans ses bureaux

"Les deux juges d’instruction et les policiers qui perquisitionnent les bureaux de Bernard Squarcini font des découvertes absolument surprenantes", explique Sarah-Lou Cohen, chef du service police-justice de BFMTV. 
"Ils tombent sur des rapports classés secret-défense, des fiches sur des personnalités politiques. Ils se disent qu’il y a un problème et que Bernard Squarcini a pu avoir des éléments qui étaient couverts par le secret de l’instruction ou tout simplement couverts par le secret-défense. C’est là qu’ils vont commencer à tirer la pelote de laine et se rendre compte qu’il y a du trafic d’influence, qu’il a utilisé ses réseaux au sein de la police pour obtenir des informations confidentielles", précise-t-elle.

Au-delà de ses amis politiques, Bernard Squarcini semble également user de son influence pour ses clients. Pour le cigarettier Philip Morris notamment. Bernard Squarcini aurait cherché à actionner ses contacts au sein de la police marseillaise pour obtenir des informations.

Idem pour LVMH: il est accusé d’avoir demandé des informations sur l’enquête conduite après la plainte de Hermès contre son client.

V.R. avec Annabelle Rouleau Stéphanie Zenati Pierre Corrieu et Audrey Alos