BFMTV
Société

Gilets jaunes: un 23e samedi de mobilisation globalement calme, malgré des heurts à Paris

La place de la République à Paris a été le théâtre de heurts entre manifestants et forces de l'ordre tout ce samedi après-midi, alors qu'un autre cortège parisien s'est déroulé sans le moindre incident.

Après plus de cinq mois de mobilisation, des milliers de gilets jaunes sont à nouveau descendus dans la rue samedi pour un 23e week-end, marqué par un regain de tension à Paris avant les réponses d'Emmanuel Macron au grand débat.

Selon le ministère de l'Intérieur, le nombre de manifestants a reculé sur l'ensemble du pays (27.900 contre 31.100 la semaine précédente) mais a quasiment doublé dans la capitale (9000). A l'inverse, d'après les estimations des gilets jaunes, ils étaient 101.125 partout en France, contre 91.276 la semaine dernière. 

Réunies pour lancer un nouvel "ultimatum" à Emmanuel Macron, plusieurs milliers de personnes ont marché à Paris au départ de Bercy, dans le sud-est de la capitale, sous un grand soleil. Les premières échauffourées ont éclaté en début d'après-midi près de Bastille, avant de se concentrer sur la place de la République, point d'arrivée du cortège. 

Nuage de lacrymogènes place de la République

Pendant l'après-midi, la place a été régulièrement plongée dans un nuage de gaz lacrymogènes tandis que des manifestants jetaient bouteilles et autres projectiles en direction des forces de l'ordre. Plusieurs enseignes ont été vandalisées. 

Amplifiant le climat de tension, certains manifestants ont crié "Suicidez-vous, suicidez-vous" aux forces de l'ordre, alors que la police est touchée par une vague de suicides sans précédent. Après plusieurs heures de face-à-face tendu, le rassemblement s'est lentement dispersé à partir de 19h sur la place de la République, où la circulation avait repris et la station de métro avait rouvert.

La police a procédé à Paris à près de 250 interpellations et à plus de 21.000 contrôles préventifs, selon des chiffres communiqués par le ministère de l'Intérieur dans la soirée. Au moins 182 ont été placées en garde à vue.

"On veut vivre dignement"

La manifestation parisienne avait commencé ce samedi dans le calme autour des revendications traditionnelles pour plus de pouvoir d'achat et de démocratie directe. Un autre cortège, parti de la basilique de Saint-Denis et beaucoup moins suivi, s'est déroulé sans le moindre incident.

"On veut vivre dignement. Moi j'ai ma retraite mais je suis là pour les générations à venir", a dit Joël Blayon, ancien marin pêcheur.

La méfiance était palpable à quelques jours des mesures que le chef de l'Etat doit dévoiler et dont il avait dû différer l'annonce en raison de l'incendie de Notre-Dame. Drapeau français à la main, Antoine, dirigeant d'une petite entreprise, estime que les mesures qui ont déjà fuité dans la presse (réindexation sur l'inflation des petites retraites, suppression de l'ENA...) "opposent les retraités aux actifs, les pauvres et les riches, les régions contre la nation".

L'incendie de Notre-Dame lundi soir était également dans les esprits, notamment les centaines de millions d'euros promis pour reconstruire la cathédrale. 

"C'est une bonne chose cet argent pour Notre-Dame mais quand on voit ce qu'on peut débloquer en quelques heures...", résumait Jean-François Mougey, retraité de la SNCF venu de Mulhouse. "J'aime beaucoup Notre-Dame, je suis catholique, mais le plus grand des patrimoines ce sont la main et la tête qui travaillent", insistait Jean-Marie, professeur à la retraite venu d'Auxerre.

"On vaut bien une cathédrale"

"On vaut bien une cathédrale", proclamait également une pancarte de gilet jaune à Montpellier, théâtre d'échauffourées et mobilisée samedi comme d'autres villes. 

A Bordeaux, place forte du mouvement, quelque 1500 gilets jaunes ont défilé dans le calme, encadrés par les forces de police. A Toulouse, des milliers de personnes ont marché dans le centre de la ville, où des heurts ont éclaté en fin d'après-midi. "J'ai la trouille mais ça ne va pas m'empêcher de venir", assurait Claudine Sarradet, retraitée de l'Education nationale. A Marseille, les gilets jaunes étaient un petit millier au départ de la manifestation sur le Vieux Port.

Liv Audigane avec AFP