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Société

Finistère: 500 personnes rassemblées en soutien au journal breton "Le Poher" cible de menaces

Plus de 500 personnes se sont rassemblées le 25 février devant le siège de l'hebdomadaire local "Le Poher" à Carhaix dans le Finistère.

Plus de 500 personnes se sont rassemblées le 25 février devant le siège de l'hebdomadaire local "Le Poher" à Carhaix dans le Finistère. - Erwan Chartier-Le Floch, rédacteur en chef "Le Poher"

L'hebdomadaire a été visé par plusieurs menaces de mort et une alerte à la bombe après la publication d'un article sur une mouvance d'ultradroite.

Environ 500 personnes se sont rassemblées samedi devant le siège de l'hebdomadaire local Le Poher à Carhaix (Finistère), dont des membres ont été visés récemment par des menaces de mort, selon un correspondant de l'AFP.

"Je pourrais vous parler de liberté, de fraternité, de dignité, de lutte mais j'ai envie de parler de normalité." a déclaré devant la foule le rédacteur en chef du journal, Erwan Chartier-Le Floch.

"Nous voulons retrouver une situation normale et continuer à faire notre travail. On va continuer à porter plainte", a-t-il poursuivi. Il s'attend à ce que les menaces "continuent".

"Ce qu'a fait le journal Le Poher, c'est tout simplement informer, chercher les faits, les analyser, les présenter aux lecteurs", a estimé un représentant du Syndicat national des journalistes (SNJ), après avoir lu l'article du Poher, qui a déclenché les premières menaces.

"Voilà ce qui est attaqué aujourd'hui, c'est la liberté de nous informer et d'avoir un débat démocratique honnête", a-t-il ajouté.

Menaces de mort et alerte à la bombe

Des plaintes pour des menaces de mort, formulées à deux reprises depuis fin octobre 2022, ont été déposées par le rédacteur en chef et un membre du journal indépendant, selon l'hebdomadaire du Centre-Bretagne.

Lundi, le siège du journal a été évacué après une alerte à la bombe par téléphone, accompagnée de nouvelles menaces de mort. C'est une salariée du journal arrivée à 9 heures qui a reçu un appel téléphonique menaçant.

"La personne a dit: 'Allô, les pourritures du Poher, on va tous vous crever. On a mis une bombe dans la rédaction vous allez sauter", a raconté le rédacteur en chef du journal à Ouest-France.

Les six personnes qui se trouvaient dans l'établissement ont donc du quitter la rédaction. La gendarmerie de Carhaix s'est rendue sur place pour sécuriser les lieux, ainsi qu'un membre de l'équipe de gendarmerie maritime de l'Île Longue accompagné d'un chien renifleur d'explosif. L'animal n'a détecté aucun explosif sur les lieux.

Une journaliste de France 3 elle aussi prise pour cible

Pour Erwann Chartier-Le-Floch, ces menaces semblent provenir "de la mouvance ultradroite" en raison de leur "dimension raciste" et de leur temporalité. Elles ont été reçues après la couverture par le journal de la mobilisation des opposants à un projet d'accueil de réfugiés à Callac (Côtes-d'Armor).

Les journalistes avaient notamment "documenté la venue de groupuscules identitaires et xénophobes qui avaient d'ailleurs tenté d'entraver le travail des reporters à la fin d'un rassemblement des partisans d'Eric Zemmour le 5 novembre", précise le Syndicat national des journalistes dans un communiqué.

Une journaliste de France 3, qui avait fait état dans un article web des menaces à l'encontre du Poher, a été elle-même prise pour cible, notamment dans des commentaires sur le site Riposte Laïque. La journaliste, ainsi que France Télévisions, ont, de leur côté porté, plainte mi-février à Brest "contre X et contre le site Riposte Laïque pour injures publiques, menaces et propos sexistes", avait indiqué la direction.

L.D avec AFP