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Faut-il parler de son cancer au travail?

Isabelle Denervaud et Isabelle Viennois ont écrit: "Dis maman, ils sont où tes bobos ?".

Isabelle Denervaud et Isabelle Viennois ont écrit: "Dis maman, ils sont où tes bobos ?". - BFMTV

TEMOIGNAGES -Le lancement de la campagne d’Octobre rose, consacrée à la prévention du cancer du sein, rappelle que cette maladie est difficile à concilier avec la vie professionnelle. Faut-il en parler à sa hiérarchie et à ses collègues?

Le cancer du sein peut être guéri dans neuf cas sur dix s'il est dépisté à temps. Depuis 10 ans, la campagne Octobre rose, lancée mercredi, communique sur cette maladie pour favoriser la prévention. Mais une fois le pronostic tombé et les protocoles de soins commencés, comment faire sur le lieu de travail?

Isabelle Denervaud et Isabelle Viennois ont traversé la même épreuve à six mois d’intervalle. Elles sont à la fois amies et collègues. L'une a choisi de le cacher, l'autre de parler de son cancer. Elles ont écrit un livre pour en parler: Dis maman, ils sont où tes bobos?. Témoignages.

> Pourquoi elle n'a rien dit

Isabelle Denervaud a appris en 2010 qu'elle souffrait d'un cancer du sein. Jeune et en forme, son protocole de soin lui donnait la possibilité de choisir d'en parler au travail ou non. "Je l'ai caché parce que je voulais être considérée comme une personne et pas comme une maladie", explique-t-elle aujourd'hui. Une décision qu'elle a prise en suivant les conseils de son oncologue et d'amis médecins.

Ne pas en parler "peut nous permettre de maintenir une vie normale au quotidien", estime-t-elle. "Pour moi le cacher était un moyen de continuer à me respecter et de trouver dans le regard des autres l'estime que j'avais du mal à garder".

"J'avais peur du regard des autres, d'être un peu mise à l'écart", confie Isabelle Denervaud, qui a dû avoir recours à plusieurs astuces pour garder son secret.

La perte des cheveux est l'un des signes les plus visibles de la maladie. Pour le dissimuler, cette mère de deux enfants a anticipé l'achat d'une perruque, reproduisant la même coiffure avant que ses cheveux ne tombent.

Si elle ne regrette pas son choix, Isabelle estime qu'il n'y a pas de bonne solution dans l'absolu.

> Pourquoi elle a préféré en parler

Isabelle Viennois a appris en 2011 qu'elle était atteinte d'un lymphome. "J'ai eu de la chance, mon pronostic vital était bon dès le début", ajoute cette consultante en énergie. Isabelle a arrêté de travailler pendant six mois et a choisi d'en parler à un cercle restreint de collaborateurs: "J'avais besoin de leur soutien, mais je ne voulais pas que les gens qui ne me connaissent pas bien l'apprennent", confie-t-elle. Elle a néanmoins senti que la nouvelle s'était vite répandue.

Isabelle Viennois raconte le "tabou" qui existe dans la société et encore plus dans l'entreprise: "En en parlant, vous vous exposez aux regards des gens, certains voient en vous la mort". Elle rapporte aussi une "gêne" dans les relations avec des collègues. "C'est plutôt dans la perception, dans le regard des autres que dans des paroles en tant que tel", relate cette mère de deux enfants. Néanmoins elle ne regrette pas son choix et estime qu'il est important de partager son expérience.

Karine Lambin avec Margaux de Frouville