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Rythmes scolaires: l'aide aux communes pour faire passer la pilule

Les rythmes scolaires sont devenus l'un des sujets de la campagne pour les municipales.

Les rythmes scolaires sont devenus l'un des sujets de la campagne pour les municipales. - -

Parents mécontents, vives critiques à droite, communes récalcitrantes: la promesse de reconduire les aides aux communes en 2014 sera-t-elle suffisante pour faire passer la pilule des nouveaux rythmes scolaires?

Jean-Marc Ayrault a annoncé mercredi que l'aide aux communes pour passer aux nouveaux rythmes scolaires de la réforme Peillon serait reconduite en 2014. De quoi calmer la grogne des communes, des parents et de l'opposition? Pas sûr...

> Un chœur de critiques

Le sujet est devenu politique, depuis que Jean-François Copé est allé jusqu'à demander le report de la réforme. En ligne de mire, l'échéance des municipales, en 2014. Le patron de l'UMP s'élève notamment contre le financement de la réformes, qu'il juge "intenable". Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate UMP à la mairie de Paris, la réforme contribuerait à creuser "les inégalités" entre les enfants.

Côté parents également, les nouveaux rythmes passent parfois mal. Le manque de communication et la fatigue des enfants sont ainsi invoqués. La principale organisation de parents, la FCPE, qui a réaffirmé mercredi son soutien à cette réforme faite selon elle "dans l'intérêt de l'enfant", reconnaît l'existence de "grains de sable".

Dans certaines villes, la réforme ne passe pas du tout. Une commune de l'Oise a ainsi décidé de faire marche arrière, une autre, dans l'Essonne, refuse de s'y mettre en 2014. A Aubervilliers, parents et enseignants se sont mobilisés à plusieurs reprises contre la réforme.

A Toulouse, ce sont les enseignants qui ont manifesté mercredi leur mécontentement. Ils demandent que Vincent Peillon revoie sa copie. En cause, la "rigidité" de la réforme et les "dégradations des conditions de travail".

> Les promesses

Pour calmer les inquiétudes des maires, Jean-Marc Ayrault a donné mercredi son accord pour "la pérennisation en 2014 du fonds" d'aide aux communes pour la mise en place des nouveaux rythmes scolaires. "En 2014" pour la rentrée 2014-2015, il y aura un maintien des aides aux communes", a déclaré le président de l'AMF Jacques Pélissard, qui juge "très positif" le geste du gouvernement.

Les communes de droit commun recevraient ainsi 45 euros par enfant et les communes situées en zone urbaine sensible ou en zone rurale revitalisée 150 euros par enfant en 2014.

Autre point d'achoppement, le taux d'encadrement des enfants durant les activités périscolaires. Il s'agit de pallier les difficultés de recrutement des animateurs. Pour les trois heures supplémentaires d'activités péri-scolaires prévues par la réforme, mais uniquement pour celles-là, le taux d'encadrement a été abaissé à 1 animateur pour 14 enfants chez les moins de 6 ans (1 pour 10 auparavant) et à 1 animateur pour 18 enfants chez les + de 6 ans (1 pour 14 auparavant).

Le Premier ministre et le président de l'AMF ont convenu de "former un groupe de travail entre l'Etat, la CNAF (Caisse nationale d'allocations familiales, qui participe au financement des activités péri-scolaires, NDLR) et l'AMF" pour "harmoniser" les taux d'encadrement.

> Cela sera-t-il suffisant?

C'est un soulagement pour l'Association des maires de France, qui, depuis le début, ne cesse de répéter que les communes n'ont pas les moyens de mettre en place la réforme. "C'est en tout cas la prise en considération des contraintes financières qui pèsent sur les maires. c'est un point qui va dans le bon sens", s'est ainsi félicité Jacques Pélissard, président de l'AMF.

D'autres encore se réjouissent, comme cet adjoint au maire d'une petite commune de la Marne: "Ca va nous permettre de trouver de animateurs un peu plus compétents" et donc des activités plus intéressantes.

Certains, en revanche ne désarment pas, comme le maire de Janvry, dans l'Essonne, qui assure que "la mise en application est impossible. Trouver un animateur qui va venir trois-quarts d'heure dans un village perdu où il faudra une heure et demie pour venir... ce n'est pas sérieux".

Ce maintien des aides aux communes permettra aux édiles d'éviter le plus possible d'augmenter les impôts locaux pour financer la réforme.

Magali Rangin