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Rentrée scolaire: 30 minutes de sport par jour en primaire, le "grand flou" pour les enseignants

Photo d'illustration d'une cour d'école.

Photo d'illustration d'une cour d'école. - Thomas Sanson / AFP

Promise par le président de la République, la généralisation de trente minutes d'activité physique quotidienne pour les jeunes élèves laisse perplexe de nombreux professeurs.

Près de six millions d'élèves du primaire doivent normalement pratiquer désormais 30 minutes d'activité physique chaque jour à l'école, une mesure voulue par Emmanuel Macron, mais décriée par plusieurs syndicats qui regrettent une impréparation criante.

"Un grand flou, né d'une grande précipitation", résume la secrétaire générale du SNUipp-FSU, Guislaine David, "et au final le risque c'est que cette mesure passe silencieusement à la trappe".

Promise par Emmanuel Macron, la généralisation de ces trente minutes d'activité physique pour le primaire, une mesure inspirée de ce qui se fait en Ecosse et destinée à lutter contre la sédentarité des élèves, a visiblement pris de court le monde enseignant.

"Ça nous pose problème"

Une directive du ministère de l'Éducation nationale est tombée en plein été, fin juillet, pour tenter de border le dispositif: pas besoin de logistique, pas besoin de tenue pour les élèves, et au besoin des outils pédagogiques mis à disposition des enseignants.

"Sans logistique, les élèves sans tenue de sport, ça veut dire qu'on va avoir des élèves parfois en jupe, ou avec des bottes, à qui on va demander de faire trente minutes de sport dans une classe... Ça nous pose problème", explique Coralie Benech du Snep-FSU (syndicat des professeurs d'EPS).

"Il y a énormément de paramètres qui font qu'appliquer les mêmes activités dans le même cadre dans toutes les classes, c'est très compliqué et ça marche rarement, voire jamais", abonde au micro de BFMTV Léa de Boisseul, Co-secrétaire départementale de la section Snuipp-FSU de Paris.

Le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye a précisé le 26 août que cette séance devait se dérouler "au sein de l'établissement scolaire", donc dans une cour, sous un préau, ou dans une salle dédiée.

"La méthode n'est pas bonne"

"Sur le principe on est d'accord, faire de l'activité physique pour lutter contre la sédentarité c'est super. Mais la méthode n'est pas bonne", regrette lui aussi Benoit Hubert, secrétaire national du Snep-FSU. "Là, ce qui est proposé c'est du 'gigotage', ce n'est pas très sérieux".

Le dispositif a déjà été expérimenté pendant l'année scolaire dernière dans plus de 7000 écoles primaires sur les 44.000 que compte l'Hexagone. "Et l'expérience a vraiment bien fonctionné", assure l'entourage de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra.

Sauf que le son de cloche diffère côté enseignants. "Cela a été fait à la va-vite, un effet d'annonce à deux ans des JO de Paris, une lubie de l'ancien ministre Jean-Michel Blanquer", regrette Guislaine David. Marche active, yoga, relaxation, jeux de ballon, corde à sauter... Le panel des activités proposé semble bien large.

"Il y a normalement trois heures d'EPS par semaine pour les élèves du primaire, et on a déjà du mal à les faire", rappelle-t-elle, "c'est pourtant une discipline fondamentale". Un rapport de la Cour des comptes estimait en 2018 que le temps réel d'EPS en primaire tombait effectivement à une heure et demi.

"Et puis où on va caser ces 30 minutes supplémentaires ? On nous demande déjà de faire plus de français, plus de maths", note Guislaine David.

A.G avec AFP