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Les internats au secours des collèges et lycées ruraux

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - AFP

Le ministre de l'Éducation nationale souhaite développer "une politique volontariste des internats" pour les collèges et lycées situés dans les territoires ruraux, particulièrement touchés par le décrochage scolaire.

Les maires de communes rurales s'inquiètent pour l'avenir de leurs collégiens et lycéens. Et se sentent oubliés. Une enquête du Figaro publiée ce mercredi révèle que les départements ruraux sont particulièrement touchés par le décrochage scolaire. Comme l'Aisne, les Ardennes, l'Yonne ou encore l'Aude: plus de 15% des jeunes âgés entre 16 et 25 ans n'ont pas de diplôme, selon les chiffres de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance. 

Des difficultés de lecture

Autre fracture pour certains de ces territoires ruraux: les difficultés de lecture. L'Aisne, la Somme, la Nièvre, les Deux-Sèvres, la Charente ou encore l'Eure connaissent les taux les plus importants de jeunes en difficulté de lecture. Un problème qui touche 14% à 17% des 16-28 ans dans ces départements.

Un paradoxe pourtant car les élèves issus d'écoles rurales qui entrent en classe de 6e ont de meilleurs résultats que la moyenne nationale grâce à des pédagogies innovantes et différenciées à l'école primaire, de petits effectifs et un meilleur encadrement.

"Les élèves ruraux conservent leurs bons résultats jusqu'à la fin du collège, pointe pour le quotidien Pierre Champollion, chercheur au laboratoire éducation, cultures, politiques des universités de Lyon-II et de Saint-Étienne. Mais ces bons résultats débouchent moins souvent qu'en ville sur des études longues."

Des écoles rurales fermées

Ce spécialiste dénonce des politiques éducatives qui n'ont pas pris en compte les territoires ruraux. "Depuis quarante ou cinquante ans, les gouvernements successifs, quelle que soit leur couleur politique, ont fait fermer bien des écoles rurales jugées peu rentables, notamment dans le 'rural isolé'. L'école rurale, qui est une école de qualité, a besoin d'être reconnue et accompagnée."

L'Association des maires ruraux de France demande quant à elle que cette spécificité rurale soit prise en compte. "C'est l'idéologie de la rentabilité et de la concentration qui domine, sans pertinence topologique ni politique", regrette-t-elle pour Le Figaro. 

"Une politique volontariste des internats"

Lors de la conférence des territoires, au mois de juillet dernier, Emmanuel Macron a déclaré vouloir donner aux zones rurales "les mêmes chances de réussir" que les zones urbaines. C'est également l'impulsion que souhaite donner le ministre de l'Éducation nationale. "Nous voulons donner envie aux familles d'envoyer leurs enfants dans les écoles rurales", a déclaré Jean-Michel Blanquer.

Et cela passe selon lui par les internats. Il a annoncé cet été vouloir relancer à la rentrée 2018 "une politique volontariste des internats". "Il faut passer de l'internat prison tel qu'il est perçu à l'internat liberté", a-t-il expliqué, évoquant le nombre de 36.000 places en collèges et lycées.

Céline Hussonnois-Alaya