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"La police du vêtement": l'interdiction de l'abaya dans les établissements scolaires critiquée par LFI

Le député LFI Thomas Portes

Le député LFI Thomas Portes - Lou Benoist

Plusieurs députés LFI ont réagi ce dimanche à l'annonce faite par le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal sur l'interdiction du port de l'abaya à l'école. "L’extrême droite gouverne", dénonce Thomas Portes sur X, ex-Twitter.

Une annonce qui ne passe pas pour de nombreux élus LFI. Sur le plateau du 20H de TF1, le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal a annoncé que le port de l'abaya, une longue robe traditionnelle portée par certaines élèves musulmanes, sera interdit dans les établissements scolaires en France.

"Vous rentrez dans une salle de classe, vous ne devez pas être capable d'identifier la religion des élèves en les regardant", a-t-il justifié ce dimanche sur TF1.

Dans la foulée, de nombreux députés de La France insoumise ont critiqué cette annonce, la jugeant "anticonstitutionnelle". Pour Clémentine Autain, elle est "contraire aux principes fondateurs de la laïcité" et "symptomatique du rejet obsessionnel des musulmans".

"Jusqu'où ira la police du vêtement?" demande sur X (ex-Twitter) la députée insoumise de Seine-Saint-Denis.

"L’extrême droite gouverne"

Son collègue Paul Vannier critique de son côté une décision "islamophobe", qui va "multiplier les problèmes dans les établissements, confrontant leurs chefs à d'infinies difficultés pour déterminer la nature des vêtements".

"L’extrême droite gouverne", abonde l'insoumis Thomas Portes. "Les fournitures scolaires augmentent de 11%, les AESH et les professeurs sont en sous-effectif, des parents ne peuvent même plus payer la cantine. L’urgence pour Gabriel Attal c’est de faire la police du vêtement", critique-t-il.

Toujours à gauche, l'écologiste Sandrine Rousseau pointe "le contrôle social sur le corps des femmes et des jeunes filles".

"L’année dernière c’était l’interdiction du crop top qui était annoncée le 12 sept 2022. Cette année, c’est l’abaya", déplore-t-elle.

"C'est étrange pour un ministre de l'Éducation nationale de lancer la rentrée scolaire sur cette annonce", a réagit sur BFMTV Chloé Ridel, porte-parole du Parti socialiste, qui juge que ce "problème" est "relativement restreint".

Attal applaudi par Ciotti

Si Gabriel Attal a été applaudi dans son camp, son annonce sur le port de l'abaya a aussi été approuvée par la droite. "Je salue la décision du ministre de l’Éducation nationale qui nous donne raison", se félicite ainsi Eric Ciotti, leader des Républicains, qui juge que "le communautarisme est une lèpre qui menace la République".

Voix dissonante à gauche: celle du maire de Montpellier, Michaël Delafosse. "La prise de position du ministre ferme sur les abayas est un signal très important qui doit [faire] consensus", écrit-il sur X.

Plusieurs incidents

En France, selon la loi du 15 mars 2004, "dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit", une circulaire précisant ces signes "le voile islamique (..) la kippa ou une croix de dimension manifestement excessive".

L'Éducation nationale s'était déjà emparée de l'abaya en novembre, dans une circulaire qui considérait ce vêtement, comme les bandanas et les jupes longues, également cités, comme des tenues pouvant être interdites si elles sont "portées de manière à manifester ostensiblement une appartenance religieuse".

Le prédécesseur de Gabriel Attal, Pap Ndiaye, interpellé par les syndicats de chefs d'établissement sur la hausse des incidents liés à ces tenus, avait toutefois refusé de "publier des catalogues interminables pour préciser les longueurs de robes".

Ariel Guez