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"L'école n'est pas accessoire": parents et enseignants dénoncent les fermetures de classes en cas de coupure de courant

Le gouvernement a annoncé que dans les zones qui pourraient être touchées par les coupures de courant cet hiver, les écoles ne seront pas épargnées et fermeraient alors une demi-journée le temps du délestage.

Un plan qui n'en finit pas de faire réagir. Le gouvernement a envoyé aux préfets une circulaire pour anticiper et préparer leurs départements à d'éventuelles coupures programmées de l'électricité cet hiver. Il y est précisé que les écoles ne seront pas épargnées par ces interruptions et qu'en cas de délestage le matin, les établissements scolaires "n'accueilleront pas les enfants pour l'ensemble de la demi-journée".

"Les délestages programmés vont en effet toucher les écoles et les établissements scolaires", a confirmé le ministre de l'Éducation Pap Ndiaye ce jeudi. "La rentrée des élèves le jour concerné se fera en début d'après-midi, avec sans doute un repas prévu pour les élèves qui sont à la cantine".

Enseignants et parents d'élèves restent dubitatifs face à cette annonce, dont ils ont eu connaissance mercredi par voie de presse.

"On veut des écoles ouvertes"

"Les parents ne veulent pas de fermeture d'école, on a vu les impacts des fermetures sur les élèves", explique à BFMTV.com Valérie Desouche, vice-présidente UNAAPE (Union nationale des associations autonomes de parents d'élèves) Île-de-France, faisant référence aux restrictions pendant l'épidémie de Covid-19. Même remarque chez Laurent Zameczkowski, porte-parole de la PEEP.

"Il faut prioriser l'école, on a vu les dégâts qu'ont pu poser le confinement", déclare-t-il. "Pendant la crise sanitaire on a tout fait pour garder les écoles ouvertes, et là la crise énergétique aurait raison de l'école?"

L'UNAAPE demande à ce que les écoles fassent partie des établissements prioritaires, comme les hôpitaux ou les gendarmeries, et soient exemptées de ces coupures potentielles. "C'est impensable d'annoncer cela aujourd'hui, on veut des écoles ouvertes coûte que coûte", lance Valérie Desouche, "on ne peut pas mettre l'éducation des enfants au second plan".

"La sobriété énergétique ne peut se faire au détriment de la santé et de l’avenir des élèves", écrit également la PEEP dans un communiqué publié mercredi.

Pour les parents, la problématique de la garde des enfants se poserait également en cas de demi-journée à la maison. "Comment s'assurer que les parents ne soient pas pénalisés par cette décision?" lance Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale Sgen-CFDT. Cette décision "fait peser les conséquences sur les parents", souligne aussi Laurent Zameczkowski.

Un projet "compliqué à mettre en place"

Catherine Nave-Bekhti ajoute qu'après une matinée sans chauffage, les salles de classe risquent d'être encore froides pour l'après-midi, "la température ne remonte pas vite dans les grands établissements scolaires", note-t-elle.

Les syndicats d'enseignants s'interrogent globalement sur la faisabilité de cette demi-journée, et la désorganisation qui pourrait en découler.

"Il faut anticiper avec des acteurs clairs" prenant les décisions, déclare Laurent Hoefman, président du syndicat national des écoles. Il appelle à ce que la responsabilité d'organisation de ces demi-journées ne repose pas sur les écoles, comme cela avait été le cas avec les circulaires Covid-19, "que ce ne soit pas aux chefs d'établissement d'informer les parents".

La circulaire sur l'énergie explique qu'un "travail local doit être mené avec les collectivités locales pour adapter les transports scolaires à ces situations". Mais "cela ne se change pas comme cela des horaires de bus, si c'est prévu peu de temps à l'avance c'est compliqué", lance Jean-Rémi Girard, président du SNALC (Syndicat national des lycées et collèges), qui ajoute que "cette idée de demi-journée nous parait compliquée à mettre en place".

Son syndicat demande avant tout "de faire le maximum pour que les écoles restent ouvertes, l'école ce n'est pas accessoire".

"Il pourrait y avoir des situations de tensions"

Plusieurs ont écrit au ministère de l'Éducation pour demander des précisions sur les modalités de ces potentielles demi-journées de délestage.

"La vraie question c'est la fréquence de ces coupures: si cela arrive une fois ou deux ce n'est pas très grave, si ça revient fréquemment c'est un problème", fait valoir Laurent Zameczkowski.

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a souligné ce jeudi sur notre antenne que les coupures d'électricité ne devraient pas survenir en décembre. D'ici janvier "cela nous laisse le temps de voir l'organisation", déclare Catherine Nave-Bekhti.

"Nous ne sommes pas en train d'annoncer aux Français qu'il y aura des coupures", mais "en janvier on ne saura pas encore quel sera l'état de l'hiver, et dans la situation où on aura un hiver particulièrement froid donc particulièrement couteux en énergie (...) il pourrait y avoir des situations de tensions", a expliqué Olivier Véran.

Les personnes concernées devraient être prévenues la veille, et les délestages durer une heure ou deux selon ses déclarations.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV