BFMTV
Education

"Je ne comprends pas": la colère d'une enseignante après les menaces d'une collégienne avec un couteau à Rennes

Après les menaces d'une élève de 12 ans brandissant un couteau dans un collège de Rennes, une enseignante de l'établissement témoigne auprès de BFMTV et dénonce le manque de suivi de certains élèves.

Au collège Les Hautes Ourmes de Rennes, au lendemain des menaces d'une élève de 12 ans brandissant un couteau, Laureline du Plessis d'Argentré fait part de sa colère et de sa lassitude.

La professeure de français a raconté à plusieurs médias, dont BFMTV, son sentiment d'"impuissance" de ne "pas voir les choses bouger" dans le suivi des élèves présentant des besoins particuliers.

"Je ne comprends pas ce qui a pu se passer"

Mercredi matin, une élève de 12 ans de ce collège rennais a menacé une professeure d'anglais avec un couteau, sans la blesser, avant d'être maîtrisée par un conseiller principal d'éducation et un médiateur.

L'examen psychiatrique réalisé a conclu que "la mineure était 'dangereuse pour elle-même' et que son état nécessitait des soins en milieu spécialisé", a indiqué le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc dans un communiqué. Elle a donc été hospitalisée mercredi soir.

"Je ne comprends pas ce qui a pu se passer dans le suivi (de l'élève, NDLR), parce qu'on lance des alertes continuellement sur le suivi des élèves, sur ce qui peut se passer à l'extérieur, sur leur prise en charge", a déclaré Laureline du Plessis d'Argentré ce jeudi 14 décembre.

Des signalements "dans le vent"?

"On fait les signalements, on fait remonter les informations et j'ai l'impression que ça part dans le vent, qu'il n'y a pas de prise de conscience au niveau de la protection de l'enfance notamment", a déploré l'enseignante.

"Elle est où la protection de l'enfance, comment c'est possible qu'on laisse les choses se dégrader de cette façon-là, pour cette élève mais pour tant d'autres en fait?", a-t-elle demandé.

"On n'est que des enseignants de maths, de français ou autre. Et puis après, il y a tout le suivi derrière, qui est celui des infirmiers, des psychologues, des psychiatres, de la médecine, qui doit se mettre en place", a-t-elle aussi souligné.

Une élève exclue pour des menaces en juin

La jeune adolescente, née à Marseille, est l'aînée d'une famille d'origine mongole composée de quatre enfants, en situation régulière, arrivée à Rennes en 2012 et inconnue de la police.

Le procureur a précisé que la famille était athée et qu'il n'y avait pas "d'élément de radicalisation". En revanche, cette élève "s'était déjà fait connaître pour des troubles du comportement et de la communication", selon Philippe Astruc. Elle avait été exclue en juin d'un autre collège de Rennes pour menaces et insultes sur un professeur et avait déjà apporté un couteau dans l'établissement sans en faire usage.

Un contexte tendu dans les établissements

Cette agression, qui a conduit à l'ouverture d'une enquête pour tentative d'homicide volontaire sur personne chargée d'une mission de service public, est survenue dans un contexte tendu dans les établissements scolaires, marqués par l'assassinat il y a quelques mois de Dominique Bernard, professeur de français poignardé à mort à Arras.

L'assassinat du professeur d'histoire Samuel Paty, le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), poignardé puis décapité près de son collège après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression, reste également très présent dans les esprits.

Depuis "huit ans" en réseau d'enseignement prioritaire (REP), Laureline du Plessis d'Argentré dit n'avoir "pas connu une année sans incident", sans préciser la nature exacte. "Et c'est assez difficile à affronter au quotidien", a-t-elle déclaré jeudi.

Sophie Cazaux