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Education: le président du Conseil des programmes claque la porte et étrille Blanquer

Michel Lussault, le président du Conseil supérieur des programmes, a annoncé sa démission ce mardi.

Michel Lussault, le président du Conseil supérieur des programmes, a annoncé sa démission ce mardi. - THOMAS SAMSON / AFP

Michel Lussault a annoncé sa démission ce mardi, sur fond de désaccords avec le ministre de l'Education nationale. Il reproche notamment à Jean-Michel Blanquer de multiplier les annonces "unilatérales et idéologiques", "sans discussion ni concertation".

Il était à la tête du Conseil supérieur des programmes depuis sa nomination par Najat Vallaud-Belkacem en 2014. Ce mardi, dans les colonnes du Monde, Michel Lussault annonce sa démission. Un départ attendu, mais qui s'accompagne d'un claquement de porte, puisque sa décision est motivée par des désaccords avec le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer.

Depuis sa prise de fonction, celui-ci multiplie les annonces polémiques et est accusé par ses détracteurs de vouloir détricoter les réformes de ses prédécesseurs, et notamment celles de Najat Vallaud-Belkacem. Michel Lussault reproche au ministre de multiplier "sans discussion ni concertation les annonces souvent unilatérales et idéologiques, à l'opposé du pragmatisme" qu'il revendique. 

"Je démissionne pour envoyer un message au ministre, au ministère (...) pour essayer d'arrêter le jeu qui est lancé depuis quelques semaines, qui consiste à agiter un certain nombre de sujets et à satisfaire ce que je crois être quelques bas instincts d'une clientèle politique", a-t-il précisé sur France Inter mardi matin. "Je pense que l'éducation vaut mieux que ce qu'on est en train de faire", a-t-il ajouté. 

Aucune nouvelles du ministre depuis août

Il accuse Jean-Michel Blanquer d'avoir remis en cause "de façon très brutale et unilatérale des évolutions qui avaient été longuement discutées pendant les années précédentes", mentionnant le changement des apprentissages en CP et les rythmes scolaires notamment. Sur la forme, il dénonce une absence de consultation du CSP et explique n'avoir rencontré le ministre qu'une seule fois, au mois d'août et n'avoir eu plus un seul contact avec lui ou son équipe depuis. 

"Laisser le CSP sans nouvelle me semble discourtois. Ce n’est pas une façon de traiter une institution qui, quoi qu’on en pense, a pleinement rempli son rôle. Je n’accepte pas ce mépris, qui est aussi une marque choquante de désinvolture par rapport à une instance créée par la loi", fait-il valoir dans le quotidien. 

Il reproche également au ministre ses annonces dans des mensuels conservateurs tels que Valeurs actuelles et Causeur. Michel Lussault y voit des "gestes profondément politiques", une "erreur". Sur le fond, il dénonce des annonces sans nuances. 

Bientôt d'autres départs?

"Il annonce qu’il faut enseigner les quatre opérations en CP et CE1, comme si leur apprentissage jusqu’au CE2 aujourd’hui était responsable de la baisse du niveau en mathématiques. Il estime qu’il faut mettre fin au prédicat, comme si ce concept grammatical menaçait l’école de la République. Il détricote la réforme des rythmes et dit en même temps qu’il faut plus de temps pour les fondamentaux. Mais comment faire quand on réduit les semaines à quatre jours de classe?", s'interroge Michel Lussault dans Le Monde.

Après ce départ, Jean-Michel Blanquer devra nommer un nouveau président du CSP. Comme le précise aussi Michel Lussault, six membres parlementaires vont être renouvelés, sur dix-huit. "D’autres personnalités qualifiées seront peut-être à remplacer si certaines démissionnent", précise-t-il aussi, laissant augurer de possibles nouvelles défections. 

Charlie Vandekerkhove avec AFP