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Bac: à la veille de l'épreuve de philosophie, des élèves peu stressés et des professeurs mécontents

L'épreuve de philosophie du baccalauréat se tiendra ce mercredi. Mais la part donnée au contrôle continu et aux épreuves de spécialité, qui se déroulent plus tôt dans l'année, diminue l'importance de l'épreuve aux yeux des lycéens.

Le temps où l'épreuve de philosophie marquait, pour toutes les filières, le début du marathon des écrits de l'examen du baccalauréat est révolu. Avec le nouveau bac, de nombreux lycéens de terminale savent d'ores et déjà qu'ils ont obtenu leur diplôme, quand bien même ils auraient la note minimale en philo. Ils vont se présenter à l'épreuve un peu les mains dans les poches, quand les professeurs veulent un retour, au moins partiel, à l'ancienne formule du bac.

Résultats des autres épreuves déjà obtenus

Au lycée Buffon, à Paris, la semaine dernière, l'heure était déjà à la fête pour les élèves. Pistolets à eau ou fumigènes, les élèves de terminale se sentaient déjà en vacances, malgré les épreuves de philosophie, qui se tiennent ce mercredi.

"Je ne révise pas trop la philosophie de manière générale, et là, on ne l'appréhende pas du tout puisqu'on sait que l'on va avoir notre bac", explique un élève interrogé par BFMTV.

En effet, avec les notes qu'il a déjà obtenues, en contrôle continu (qui compte pour 40% de la note finale) ou aux épreuves de spécialité qui se sont déroulées en mars (32% de la note finale et dont les lycéens ont déjà obtenu les notes), il sait qu'il aura son bac avec mention assez bien, "même en ayant 0 au grand oral et en philosophie", les deux épreuves restantes.

Cet élève de terminale n'est pas stressé, tout comme l'un de ses camarades, déjà rassuré puisque "les voeux Parcoursup sont déjà arrivés, je suis serein", confie-t-il à notre micro.

"On n'a plus envie de travailler"

Les épreuves décisives, pour ces lycéens, ont eu lieu en mars. Il s'agissait de celles de spécialité. Alors maintenant, "on n'a plus envie de travailler", abonde une lycéenne. La philo ou le grand oral, en fin d'année, "en règle générale, les élèves s'en fichent un peu plus", insiste l'un de ses camarades.

De nombreux élèves ont déserté les classes au printemps, où les lycées prenaient des airs de vacances pour les futurs bacheliers, après avoir obtenu les notes des épreuves de spécialité au mois d'avril.

Mercredi, à 8h, ils seront toutefois contraints de plancher sur l'un des trois sujets proposés (deux dissertations et un commentaire de texte). L'épreuve porte un coefficient 4 pour les élèves des fillières technologiques et 8 pour les élèves en filière générale.

"Plus vraiment de sens"

"Ils ont dû s'approprier, en deux trimestres, c'est-à-dire en six mois à peine, des programmes très lourds et très ambitieux, et après la tension s'est totalement relâchée", estime sur BFMTV Marie Perret, présidente de l'association des professeurs de philosophie de l'enseignement public.

La professeure se montre favorable au retour, du moins en partie, à l'ancien baccalauréat. "Le bac sous cette nouvelle forme n'a plus vraiment de sens", regrette Sophie Vénétitay, à la tête du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.

"Certes, l'épreuve de philo permet de maintenir une épreuve nationale en juin mais c'est une façade", a-t-elle ajouté.

Le grand oral, qui se déroulera à la fin du mois, a un coefficient de 10. Cette première édition complète du baccalauréat nouvelle formule devrait permettre au ministère de l'Éducation nationale d'en tirer un bilan, et de peut-être y ajouter des ajustements, demandés par le corps enseignant, pour l'année prochaine.

Marine Ledoux