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Drones: Cazeneuve évoque l'existence de "dispositifs de neutralisation" 

La centrale nucléaire de Graveline fait partie des installations survolées en octobre par un drone.

La centrale nucléaire de Graveline fait partie des installations survolées en octobre par un drone. - Wikimedia

Le ministre de l'Intérieur a confirmé sur France Info qu'une enquête est en cours sur le survol de drones au-dessus de sept centrales nucléaires.

Que s'est-il passé entre le 5 et le 27 octobre au-dessus de sept centrales nucléaires françaises actives ou en déconstruction? Des témoignages évoquent la présence de "drones" non-identifiés. Des survols confirmés jeudi par le ministère de l'Intérieur, et qui se sont principalement déroulés dans la nuit ou à l'aube, selon les premiers éléments d'enquête.

Jeudi, sur les ondes de France Info, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a brièvement évoqué le dossier. "Des dispositions ont été prises à ce sujet. Il y a des enquêtes. Il y a des dispositifs de neutralisation qui existent. Mais ces dispositifs, je ne m'étendrai pas sur leurs modalités parce que je n'ai pas à le faire."

> A quoi ressemblent ces drones?

Selon le colonel Jean-Pascal Breton, porte-parole de l'armée de l'air, les drones utilisés étaient "de toute petite taille, comme ceux que l'on trouve en vente dans le commerce". Mais Yannick Rousselet, président de l'ONG Greenpeace, donne une autre version, plus inquiétante, se basant sur une source interne à EDF. "Certains étaient petits mais d'autres faisaient jusqu'à deux mètres d'envergure", indique-t-il. Une taille suffisamment grande pour permettre potentiellement d'y accrocher un projectile ou un engin explosif.

> Les centrales nucléaires sont-elles vulnérables?

Le ministère de l'Intérieur affirme que ces petits drones civils ne présentaient pas de risque pour ces centrales, capables de résister à une chute d'avion de ligne ou à un tremblement de terre. "Il y a eu une détection, puis une analyse du risque encouru, et la décision de ne pas procéder à leur neutralisation. Mais à tout moment, les forces de l'ordre sont en capacité de neutraliser ces drones s'ils représentent un danger", a explique Pierre-Henri Brandet, porte-parole du ministère, sur BFMTV.

Là encore, certains font entendre une voix discordante. "Cela démontre une vulnérabilité croissante de ces installations face aux nouvelles technologies. N'oublions pas que ces installations nucléaires datent des années 70, et ont été conçues dans un environnement où la sécurité se posait dans des termes complètement différents, et visiblement, elles ne sont pas préparées à faire face à ces nouvelles menaces", estime sur BFMTV Yves Marignac, expert pour le cabinet anti-nucléaire Wise-Paris.

Actuellement, c'est l'armée de l'air qui est en charge de la surveillance aérienne des centrales nucléaires, un espace qu'elle surveille grâce à des radars. Le survol de ces installations est interdit dans un périmètre de 5 km et 1.000 mètres d'altitude. En cas de grave danger, des avions de chasse sont susceptibles d'intervenir en moins de quinze minutes, indique-t-on au ministère.

> Qui peut-il se cacher derrière ces actions?

Pour l'heure, ces survols n'ont pas été revendiqués. Pourrait-il s'agir d'un groupe de plaisantins? C'est ce que pense Emmanuel JF Riche, pilote professionnel de drones, interrogé par Rue89. "Mon avis, c’est que c’est une affaire de type "apéro Facebook". Ces gens en tout cas sont des amateurs. Un professionnel qui ferait cela prendrait le risque de voir sa licence supprimée à vie."

Greenpeace, dont l'un des membres avait survolé une centrale à l'aide d'un parapente en 2012, a immédiatement nié avec fermeté toute implication dans ces vols, qu'elle juge "très inquiétants".