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Cimetière refusé à un bébé rom: la classe politique "bouleversée"

Le cimetière de Champlan, où les parents avaient demandé à faire enterrer leur bébé, Maria Francesca.

Le cimetière de Champlan, où les parents avaient demandé à faire enterrer leur bébé, Maria Francesca. - BFMTV

Le Défenseur des droits Jacques Toubon envisage de se saisir de l'affaire, tandis que des députés ont exprimé leur "honte" et leur "nausée", après le refus d'un maire d'inhumer un bébé rom sur sa commune.

Mise à jour 12h40: le maire du village nie dimanche s'être opposé à l'inhumation du bébé, après avoir affirmé mercredi qu'il avait pris cette décision à cause du "peu de places disponibles" dans le cimetière.

Le refus du maire du village de Champlan, dans l'Essonne, d'inhumer sur sa commune une fillette rom, décédée le lendemain de Noël de la "mort subite du nourrisson" à l'âge de deux mois, a généré une vague d'émotion parmi la classe politique. Dimanche, Jacques Toubon, ancien ministre UMP et actuel Défenseur des droits, s'est dit "bouleversé" sur les ondes de France Inter.

"Sur un plan humain, je suis bouleversé, stupéfait par cette nouvelle", a déclaré Jacques Toubon. "La question de ne pas subir de discrimination, y compris devant la mort et devant la sépulture, relève du Défenseur des droits (fonction qu'il occupe depuis juillet dernier, ndlr). "Je vais obtenir les informations et les points de vue de tous et peut-être agir. Il est clair que dans cette affaire, il y a des questions de droit."

"Priorité à ceux qui paient des impôts"

Le maire incriminé, Christian Leclerc, étiqueté divers droite et élu à plus de 76% lors des dernières élections, s'est défendu dimanche. "A aucun moment je ne me suis opposé à cette inhumation. La mayonnaise a été montée. On avait le choix pour l'enterrement entre Corbeil et Champlan. J'ai dit "ok" mercredi matin pour l'un ou l'autre des scénarios", a-t-il ajouté, estimant que sa réponse pouvait avoir été mal interprétée par les services de la ville.

Mercredi, il avait pourtant donné une autre explication au Parisien. Il avait alors souligné le "peu de places disponibles" dans le cimetière communal, et indiqué qu'il préférait "donner la priorité à ceux qui paient des impôts locaux".

La "honte" et la "nausée" des députés

Dans la matinée, d'autres politiques ont réagi avec émotion à l'affaire, comme la secrétaire d'Etat à la famille, Laurence Rossignol, sur Twitter.

Alexis Bachelay, député socialiste dans les Hauts-de-Seine, et Nathalie Goulet, sénatrice (Union des démocrates indépendants) de l'Orne ont exprimé leur "nausée" et Ian Brossat, adjoint (PCF) au maire de Paris sa "honte", sur Twitter, également. Axel Kahn, médecin généticien et essayiste français, a estimé qu'il s'agissait là du "comble de l'inhumanité". Le président de la Licra Alain Jakubowicz a jugé quant à lui qu'il s'agissait de "racisme". Il envisage des poursuites judiciaires.

Les parents de Maria Francesca, la jeune enfant décédée, ont refusé de s'exprimer. Âgé d'environ 35 ans et décrit comme "catholique et très pratiquant", le couple demeure en France "depuis au moins huit ans", selon des associations locales. Leurs deux fils, âgés de 5 et 9 ans, sont scolarisés à Champlan, où ils résident depuis au moins un an dans un bidonville clôturé sans eau ni électricité, à proximité d'une petite usine, entouré par des voies rapides et des champs. Leur fillette sera inhumée à Wissous, à 7 kilomètres de là, où le maire a évoqué "un souci d'humanité".

Alexandra Gonzalez avec AFP