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Police-Justice

Un maire refuse d'enterrer un bébé rom dans sa commune de L'Essonne

Le maire de Champlan, dans l'Essonne, a refusé l'inhumation du bébé dans le village.

Le maire de Champlan, dans l'Essonne, a refusé l'inhumation du bébé dans le village. - Capture Street View

VIDEO - Le maire de Champlan a invoqué des raisons administratives pour justifier son refus. La fillette, âgée de deux mois, est décédée de la "mort subite du nourrisson".  Elle sera enterrée dans une commune proche.

Elle s'appelait Maria Francesca et n'avait que deux mois. Dans la nuit du 25 au 26 décembre, ce bébé est décédé du syndrome de "la mort subite du nourrisson". Mercredi, le maire divers droite de Champlan, dans l'Essonne, a refusé qu'elle soit enterrée sur le territoire de sa commune, a-t-on appris samedi de sources concordantes, confirmant une information du Parisien.

"Priorité à ceux qui paient des impôts"

L'édile "a prétexté que la mort" du bébé "avait été déclarée à Corbeil-Essonnes", a expliqué Loïc Gandais, président de l'Association de solidarité en Essonne avec les familles roumaines et roms, et dont les membres "côtoient quotidiennement" la famille de l'enfant décédé, qui vit dans un campement de Champlan depuis plus d'un an. "C'est du racisme, de la xénophobie et de la stigmatisation", a-t-il estimé.

Joint par Le Parisien, le maire de Champlan, Christian Leclerc, s'est défendu en arguant qu'il y avait "peu de places disponibles. Il nous faut gérer les places au cas par cas. Les concessions sont accordées à un prix symbolique et l'entretien coûte cher, alors priorité est donnée à ceux qui paient leurs impôts locaux."

Une famille "chrétienne et très pieuse"

Selon Loïc Gandais, dans la nuit de Noël, la petite fille qui ne se sentait pas bien, a été conduite dans un hôpital de Longjumeau, puis dans un établissement de Corbeil-Essonnes, où son décès a été officiellement constaté le 26 décembre. 

A la demande de la famille, décrite comme "chrétienne et très pieuse", une entreprise de pompes funèbres de Corbeil-Essonnes a alors demandé à la municipalité l'autorisation d'inhumer le nourrisson dans le cimetière de Champlan, ville où ils résident et où sont scolarisés leurs deux autres fils, âgés de 5 et 9 ans, afin qu'ils puissent se recueillir "tous les jours" sur la tombe de leur fille. Mais le maire a refusé sans "aucune explication", a assuré Julien Guenzi, gérant de pompes funèbres à Corbeil. "Il n'est pas obligé de se justifier, mais des réponses comme ça, c'est très rare."

"Simple souci d'humanité"

La petite fille sera finalement inhumée lundi à Wissous, à environ sept kilomètres de Champlan. "Par simple souci d'humanité, on ne pouvait pas laisser cette situation dans l'état", a indiqué le maire UMP de Wissous et médecin, Richard Trinquier. "Une mère qui a porté un enfant pendant neuf mois et qui le perd à deux mois et demi, ce n'est pas la peine d'aggraver sa douleur."

L'association prendra en charge la majeure partie des frais d'obsèques, mais il n'y aura pas de plainte déposée. "Sur le plan moral, c'est absolument contestable, mais sur le plan juridique, on ne pourra pas faire grand chose", estime Loïc Gandais.

Selon la loi, les proches d'un défunt doivent demander l'autorisation d'inhumation au maire de la commune du cimetière choisi. Il peut être inhumé dans la commune où il habitait, dans celle où il est mort, ou là où se trouve un caveau de famille.

A. G. avec AFP