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Société

Après bientôt 6 mois de mobilisation, les gilets jaunes s'essoufflent

Rassemblement de gilets jaunes à Nantes, le 11 mai 2019

Rassemblement de gilets jaunes à Nantes, le 11 mai 2019 - Sebastien SALOM-GOMIS / AFP

Après bientôt six mois de mobilisation, le mouvement des gilets jaunes a de nouveau peiné à mobiliser ce samedi pour son acte 26, marqué par des heurts à Nantes et Lyon, épicentres des manifestations du jour.

Selon le ministère de l'Intérieur, ils étaient 18.600 à manifester ce samedi en France, dont 1200 à Paris, à l'occasion du 26e week-end de mobilisation des gilets jaunes. Un chiffre relativement stable par rapport à la semaine dernière mais qui marque toutefois la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement le 17 novembre dernier. Les gilets jaunes ont de leur côté fait part de 37.500 manifestants ce samedi.

A Nantes, où Maxime Nicolle dit "Fly Rider" avait fait le déplacement parmi quelque 2.000 manifestants, la manifestation a rapidement été très tendue. Des tirs de projectiles ont entraîné une riposte notamment par tirs de LBD. Un journaliste de la chaîne d'information CNews assure notamment avoir été touché au niveau du bas ventre. Les forces de l'ordre on également sorti leur arme face à un automobiliste qui tentait de forcer un barrage. Une enquête de police a été ouverte. Quelque 26 manifestants ont été interpellés.

Des tensions à Lyon

A Lyon, où il y avait également environ 2.000 personnes dans la rue, gendarmes mobiles et CRS ont été l'objet de jets de bouteilles, pierres ou pétards, entraînant de nombreux tirs de gaz lacrymogènes. Des heurts qui ont fait 10 blessés côté forces de l'ordre, au moins un côté manifestants et ont conduit à 9 interpellations sur la journée.

A Bordeaux, ex-bastion du mouvement, la mobilisation a continué de baisser avec 700 personnes recensées. A Nice, une centaine de gilets jaunes seulement ont défilé en présence du chanteur engagé dans les européennes Francis Lalanne. 

"Tant en nombre qu'en motivation, ça n'a rien à voir avec les manifs du début, ça a marché un temps mais il y a de la lassitude. Aussi, beaucoup de gens ont peur des violences policières", a reconnu Mo, un Bordelais de 32 ans et militant de La France Insoumise. 

"Un éveil des consciences"

Alors est-ce le début de la fin d'un mouvement qui représente la pire crise depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Élysée il y a deux ans ? Et il y aura-t-il un sursaut pour l'acte 27 où ce mouvement inédit fêtera ses six mois ?

"Il y a eu un bel éveil des consciences. Il y a de plus en plus de gens qui nous rejoignent et qui comprennent que le gilet jaune, ce n'est pas une idéologie politique ou terroriste et que en-dessous, il y a des citoyens et que les revendications qu'on apporte sont des revendications citoyennes", veut croire Jérôme Rodrigues, une des figures du mouvement présent à Lyon.

Certains proposent de nouveaux moyens d'actions: repartir sur les ronds-points (une proposition peu réalisée jusqu'à présent), "aller sur les parkings des plages cet été", faire des blocages...

Prochaine échéance: les européennes

Jérôme Rodrigues a lui appelé à aller voter aux européennes dans 15 jours. "J'appelle au vote, je n'appelle surtout pas à l'abstention, l'abstention c'est voter Macron, ça rime. Aussi bien pour le vote blanc, on évite, et surtout je m'inscris dans un vote anti-Macron", a-t-il expliqué, sans être plus précis sur le bulletin que lui-même glissera.

Une chose est sûre, ce ne sera pas une voix pour la liste gilets jaunes conduite par Francis Lalanne, qu'il accuse de "récupération" à ses dépens. D'ailleurs, les sondages accordent de très faibles intentions de vote aux listes se réclamant du mouvement.

Mélanie Rostagnat avec AFP