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"Un trou dans l'espace-temps": à quoi correspond réellement un trou-noir?

Olivier Sanguy, médiateur scientifique à la Cité de l’espace à Toulouse, assure que cette structure massive est "l'un des moteurs de la galaxie".

C'est comme tenter de photographier un donut sur la Lune, depuis la Terre. Jeudi, la collaboration internationale d'astronomes Event Horizon Telescope (EHT) a diffusé une historique image qui prouve formellement l'existence d'un trou noir supermassif, Sagittarius A*, au cœur de notre galaxie.

Cette découverte intervient trois ans après la première photo d'un trou noir, et a été rendue possible par le travail conjoint de près de 300 scientifiques de 80 pays différents armés de "superordinateurs." Au total, cinq années de travail ont été nécessaires.

Drap et boule de billard

Une avancée historique à bien des égards, mais qui pose de nombreuses interrogations. Invité ce vendredi matin sur BFMTV, Olivier Sanguy, médiateur scientifique à la Cité de l’espace à Toulouse, a dispensé un cours d'astrophysique de quelques minutes:

"Un trou noir est, on va dire, un trou dans l'espace-temps. Si vous tendez un drap qui est l'espace-temps, vous prenez une boule de billard et vous la mettez au milieu du drap, vous avez une déformation. Un trou noir c’est que la boule de billard est tellement massive et concentrée qu'elle perce le drap", explique-t-il, soulignant que cette masse se trouve actuellement à 27.000 années-lumière de notre planète.

Selon lui, cette image du trou-noir, qui n'est "pas une photo dans le sens cliché avec un appareil", a pu être obtenue par "des radiotélescopes qui ont récolté des données pendant plusieurs jours et semaines. On a collationné toutes ces données avec un super-ordinateur", ajoute-t-il, insistant sur "l'exploit technique" que cela représente.

Structure massive mais sans danger

D'un point de vue "anatomique", cette impressionnante image permet également d'obtenir de nouvelles informations sur la taille du trou-noir. "C’est un trou noir super-massif, 4 millions de fois la masse de notre soleil", avance Olivier Sanguy.

"Le diamètre du trou noir c’est 24 millions de kilomètres et le 'beignet' que l’on voit autour, ce sont les gaz chauds qui s’accumulent autour du trou noir, c’est l’orbite de Mercure donc c’est un diamètre de 70 à 100 millions de kilomètres", ajoute-t-il encore.

Pour le spécialiste, l'existence de ce trou-noir est "normale", et assure que l'on "ne risque rien."

"C’est un des moteurs de la galaxie. La fonction exacte, on est en train de l’étudier. Pour nous humains, on ne verra jamais son évolution, il est statique dans sa taille et sa masse, c’est à des milliards d’années que ça évolue ce genre d’objet", pronostique-t-il.

L'existence de Sgr A* est supposée depuis 1974, avec la détection d'une source radio inhabituelle au centre de la Voie Lactée. Dans les années 1990, des astrophysiciens avaient confirmé la présence d'un objet compact supermassif, découverte qui leur a valu le prix Nobel en 2020. L'image révélée ce jeudi apporte la première preuve visuelle de cet objet.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV